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vendredi 23 novembre 2012

Princesse sans prince charmant





Ah, ces princesses des contes de fées qui ont bercé notre enfance, qui nous ont tant fait rêver ! Rêver éveillées avant d'être rappelées à la réalité par une mère nous sommant de débarrasser la table et d'aller faire nos devoirs.
La plus dure des réalités, c'est celle qui nous gifle en pleine crise d'adolescence. Aâwitqa tahlem bi aâwitaq.
Wach men aâwiteq ? Un boutonneux renfrogné, cheveux gras, sentant encore le lait maternel, le beurre de la tartine du petit déjeuner et l'odeur d'un après-rasage qui n'a pas de nom. Après-rasage pour les zoudj chaârate mkawrate qu'il a sur la lèvre supérieure.
Win rak, ya le prince charmant de notre enfance !


Puis vient l'âge adulte. Le boutonneux devient rwidjel ne pensant qu'à son apparence de serdouk mhanni, à rouler des mécaniques défectueuses et à accumuler les conquêtes.
Diri la chaîne, ya amira. Le prince charmant taâ sghourak wala Don Juan.

Enfin, vient l'âge mûr, celui qui rend la vue et la raison. Le rwidjel devient radjel bi chlaghmou qu'il rase une fois par semaine ou  tous les quinze jours. A cet âge, il n'y a ni prince ni son cousin qui tiennent.
Hada houwa laqmach, ya lalla, adih wa faslih qisss qiss sinon rabi laqtoute.

Beaucoup de filles, des femmes sont restées coincées dans l'impasse de ces rêves. Elles rêvent encore de ce prince charmant sur un cheval blanc. Je l'imagine à l'arrivée ce prince : amaigri, cheveux collés sur la tête, barbe et moustache mal rasées, jambes arquées après des années de chevauchée sur un cheval squelettique et sale,  auquel il reste de blanc que la partie recouverte de la selle.. et encore pleine de petits boutons rouges.
J'imagine aussi la déception de celle qui l'attend et qui le voit dans cet état pour la première fois. Tendeb hnakha bi ses faux ongles.

C'est le cas de ma voisine de l'autre quartier, parce que là où j'habite maintenant, je ne fréquente pas les filles de la houma. Elles sont ce qu'elles sont et je suis ce que je suis. C'est une autre histoire !
Cette voisine-là rêvait de rencontrer un bel homme comme Di Caprio, qui la rendrait heureuse et lui ferait de beaux enfants. Elle y croyait fort. Elle passait son temps à rêver d'une vie avec son altesse sérénissime dans une grande villa à Aïn Taya. Pourquoi à Aïn Taya, la mie ?  "Pour rendre jaloux le boucher qui m'a laissée tomber pour épouser hadik el maâwdjat lahwadjeb de sa cousine du bled !", qu'elle vous répondra.
Après avoir longtemps attendu Di Caprio made in Algeria, elle a fini par accepter d'épouser Akli de Tikasrayen, qui n'a de Di Caprio que les cheveux... quand il n'oublie pas de les peigner.
 Ils ont eu des enfants qui ressemblent à la belle-mère... qui ressemble à Bayouna sans son dentier.

Un collègue, un grand parleur m'a dit un jour, je ne sais plus pourquoi : "Toutes les femmes sont des princesses et tous les hommes sont des pachas ". Quand je lui ai dit que je n'étais pas d'accord avec lui, il m'a répondu : " De toutes les façons, toi, tu vis dans ton monde, tu ne peux être que toi-même car tu y es la seule habitante.".
Eh bien, merci ! Je préfère vivre seule, être r-éveillée, dans mon monde que de vivre dans un monde de somnambules. D'ailleurs, je n'aime pas me promener dans le noir.
J'ai une copine somnambule. Petite, ses parents attachaient son pied au pour l'empêcher de se lever la nuit. Aujourd'hui, elle est mariée. Je me demande si son mari l'attache lui aussi. Il ne savait pas qu'elle était noctambule. Elle lui avait caché ce détail. L'aurait-il épousée s'il l'avait su ?

On est toujours la souveraine de quelqu'un, comme l'on est la chouchoute, la bien-aimée, la préférée, le cordon bleu, la sorcière, la mégère, la peste et même la tiyaba de quelqu'un.
Il suffit de rester soi-même et d'accepter l'autre tel qu'il est. Mais bon, il y a des limites. Il ne faut pas sauter sur le premier passant. Et puis un passant, comme le mot l'indique n'est qu'un passager allant son petit bonhomme de chemin. S'il sait quel sentier prendre.



A mon ancienne voisine et à toutes celles qui croient encore aux contes de fées, je dédie ces vers, inspirés d'un rêve que j'ai fait il y a quelque temps.

Dans mon songe
Je suis d'abord allée voir Cendrillon.
Elle était toujours en haillons
Mariée et une nichée de mômichons
Agrippés  à ses jupons.

Ensuite ce fut le tour de celle qui habite au tournant

La Belle au Bois Dormant
Qui cohabite avec son amant
Il n'est ni prince ni charmant
C'est un dentiste frêle et méchant.

Au bas de la rue

Chez Blanche-Neige, j'ai aperçu
Dans la cuisine un jeune homme trapu
Aux cheveux longs, l'air fourbu
Il se curait le nez, adossé au bahut.

De l'autre côté de la ruelle

Dans un deux-pièces sale
Sans aération, habite  Belle
Avec son caniche, sa ribambelle
De chats et sa jeune tourterelle.

Peau d'âne sans sa fourrure

Sans sa fameuse hure
Ressemble plus à une doublure
Qu'à une humaine créature.

Je n'ai pas pu finir ma mnama

A cause de la thawra
Dans les bouldan  aârabiya
Jasmine, Shéhérazade, El Fahma
Badr El Boudor et Loundja
Ont quitté leur oumma
Pour aller vivre fi Europa
wa Amerika.


Qu'est-ce qu'il ferait, ce prince charmant tant attendu, si toutes les princesses en détresse habitaient le même château ?
Une autre télé-réalité. Sans plus !







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