La panne

De bonne humeur et en pleine forme, je monte dans la voiture, je mets le moteur en marche, histoire de le chauffer et polluer l'atmosphère. Pendant que le moteur ronronne, Makhlouka se pomponne. Eh oui, le rétroviseur  n'est pas fait que pour surveiller qui se colle à nos pare-chocs ou pour faire un geste de dépit au conducteur qui nous fait des coups de phare.
La Makhlouka ne se contente pas de se pomponner, maie elle fredonne les paroles de la chanson que la radio Djil machin émet "Khoya el Madani 3andou la taille wa zin... drahamou khanouh..." S'il a la taille wa ezzin, wa3lach ma dirch mannequin, inach adaban 3la rouhou ?
De quoi tu te mêles, yal makhlouka ? Occupe-toi de ce petit point noir que tu as sur le menton.
Voilà, je l'ai déraciné de sa zari3a. Chah !

Le moteur a chauffé, baâdou ma trik, el makhlouka  va affronter la jungle urbaine. El youm, elle ne se laissera pas faire. Appuie sur le champignon. Intaliki.
La circulation est fluide. Il n'y a  que ce chauffeur de bus du Cous qui se prend pour Keanu Reeves dans Speed.

C'est quand même un peu ennuyeux  quand tout le monde conduit bien et respecte le code et que la bande d'arrêt d'urgence est libre.
Et si je me mettais à klaxonner pour réveiller ces conducteurs qui ont l'air endormis et faire peur à Keanu Reeves El Djazaïri...
Ana3li bliss, yal makhlouka !

Bon, allez, change de chaîne, bdat la smata fel had l'émission.
Mais qu'est-ce que c'est ? Pourquoi ce voyant rouge est allumé ?  Panique à bord. Que faire ?
La voiture va s'arrêter. Mon Dieu, que faut-il faire?  Calme-toi. Mets tes feux détresse. Pas le clignotant, yal habsa, les feux de détresse! Habsa toi-même. Concentre-toi. Prends la file de droite.
Ne fais pas attention au conducteur de la Symbol, tu ne peux pas te permettre de lui crier ce que tu penses de sa conduite. Il y a urgence.
Voilà ! arrête-toi sur la bande d'arrêt d'urgence. Arrête le moteur. Respire un peu. Que faire?  Prends ton portable. Appelle ... heu ... qui ?
Ton père, pardi !

"Allô, allô. Je crois que je suis tombée en panne.
- Tu crois ?
- Oui, une lampe rouge s'est allumée et je suis sur l'autoroute et je ne sais pas quoi faire et...
- Que fais-tu maintenant?
- Je te parle au téléphone ...
- Makhlouka, calme-toi !

Silence solennel.

- Ecoute-moi bien et réponds-moi : tu roules toujours?
- Non. Je me suis arrêtée.
- Bien. Tu as arrêté le moteur ?
- Oui.
- Mets le contact.
- Mais la lampe va ...
- Tourne la clé, je te dis.
- C'est fait.
- Le voyant rouge que tu vois, comment est-il?
- Il est rond, rouge et allumé.
- La terre est ronde mais les esprits ne tournent pas rond. Bon, dis-moi à l'intérieur du voyant qu'est-ce qu'il y a?
- Une lettre.
- On va y arriver. Quelle est cette lettre?
- P
- Nous y sommes. P comme dans panne de cerveau ?
- Heu... Oui.
- Alors écoute moi;
- Oui...
- Regarde le frein à main.
- Oui...
- Il est serré ?
- Je ne sais pas. Il me paraît normal.
- Bon, je pose la question autrement: il est levé ou baissé?
- Levé.
- Je m'en doutais.
- ...
- Desserre-le.
- C'est fait.
- Regarde ton tableau de bord.
- ....
- Le voyant rouge a disparu, n'est-ce pas?
- Oui. Je ne pouvais pas deviner ...
- Tu sais ce que tu devrais faire ?
- Non.
- Remettre ton permis de conduire et mettre la voiture en vente.

Za3ma, cela ne vous est jamais arrivé...

Une bonne action qui tombe à l'eau

Si chaque bonne action est comme la pluie qui irrigue une terre sèche, la sienne a fait "plouf" en tombant dans la sébile.
Ne t'en fais pas, enniya hiya sah, yal makhlouqa.  

Tel était son intention en voyant cet homme assis sur le trottoir adossé au mur, tenant dans une main un gobelet blanc et dans l'autre une cigarette.
Le pauvre !  A son âge, contraint de mendier dans la rue. Mais, il aurait pu aller travailler. Il a l'air costaud. Choufi hadouk  les bras musclés.
Arrête, yal makhlouqa ! Occupe-toi de tes affaires. Il a sûrement ses raisons. On ne mendie pas de gaieté de cœur.
 Oui, mais il y en a qui en font un métier...
Arrête ! Hadou aâwachir, diri elli aâlik wa khaliha aâla Rabbi.

Après un court conflit intérieur maâ el aswate el dakhiliya alleti touwaswissou bila sabeb, elle prend discrètement  son porte-monnaie. Elle prend les quelques pièces de monnaie qui s'y trouvaient et  les met dans le gobelet du bel homme aux bras musclé en évitant de le regarder.  Ah oui, elle a oublié de dire qu'il était beau... mais bessah fumeur. On ne peut tout avoir.

"Plouuuf", font les pièces de monnaie en chœur. Il ne manquait plus que le chef d'orchestre.

 "Naâdi... [censure]", crie le musclé.
El makhlouqa indignée, lui dit  : "Habba fi foumek".
Elle ne remarque pas les éclaboussures causées par le plouf.

Tout en s'essuyant la main et le bout  du nez, il lui dit : "Wach bi... [censure]"
Toujours indignée, elle lui répond : "Astaghfir Allah !".
Et là, el makhlouqa se rend compte qu' il y a du café noir dans le gobelet ; et comprend le plouf provoqué par le jet de pièces, mais ne cautionne pas le "naâdi..." et le "wach bi...". Ey wallah,  tqol tah aâlih bidoun peintoura !

- Wach armiti fel qahwa ?
- Rmitlak el louise wal djouher.
Et de poursuivre : " Il fallait prévenir qu'il y avait du café dans le gobelet."

Il la regarde avec des yeux d'un  Djahidh en colère : " Et puis quoi encore ! J'aurais dû aussi te dire que je mets trois sucres dans mon café.".
 Tu ! D'où, il la connaît ? Ils ont cueilli les grains de café ensemble waqila !

Elle ne lui répond pa,s même si elle pense que trois sucres dans un petit gobelet, c'estun peu trop, mais ce n'est pas son problème. Ce n'est pas elle qui risquerait d'avoir mard el soukar. Allah Yaâfina.


- Mais qu'est-ce qui t'a pris ?
- Je n'avais pas vu  que votre gobelet était plein de café noir sucré. J'aurais mis les pièces de monnaie ailleurs.
- Pièces de monnaie ?
 Non, des pièces  montées. Yakhi hala ! 
- Pardonnez-moi. J'espère que le café n'était pas chaud.
- Tu croyais que j'étais un mendiant ! C'est la meilleure celle-là !

Silence, on tourne en ridicule. El makhlouqa tbakmate.
Reprends-toi ! Dis quelque chose !
- Smahli.

Hada wach sebti tqoli, ya la gaffeuse. Ywakhdek ! 

Sottisier

Ouvrir le courrier d'autrui

 
J'ai un petit souci, par mégarde j'ai ouvert le courrier de quelqu'un d'autre. C'est une lettre, je ne l'ai pas lue car je me suis tout de suite rendue compte de mon erreur.C'est une lettre adressée à mon voisin, celui qui toujours l'air de sortir d'un sommeil profond.
Je n'ose pas aller la lui remettre en main propre de peur qu'il croie que j'ai l'ai ouverte intentionnellement.
J'ai pensé aller la mettre dans sa boîte aux lettres et ni vu ni connu. Ce n'est pas honnête, mais c'est mieux que de la garder.

Et puis, moi quand j'ouvre une lettre, je la massacre.  Il faut voir dans quel état est l'enveloppe... enfin ce qui reste de l'enveloppe !

Makhlouqiate
Le 25 avril 2011







Se tromper de magasin

Qui ne s'est jamais  trompé de magasin en faisant ses courses. Qui n'est jamais entré, par exemple dans un magasin de chaussures et demander au vendeur ou à la vendeuse s'il a du fric vert !

C'est ce qui m'est arrivé. C'était dans une quincaillerie que je suis entrée et j'ai demandé au vendeur, un homme aussi âgé que son magasin, plus âgé peut-être, qui portait des lunettes sparadrapées (je ne sais pas si cela se dit) ; je lui ai demandé s'il avait des lingettes parfumées.

 - Des lingettes parfumées , il répéta après moi.

Et moi, naïvement :
- Oui, parfumées. Vous en avez ?

Il me dit d'un ton paternel :
- Ya benti, celaa fait des années que je suis dans la quincaillerie et je ne me rappelle pas avoir déjà vendu des lingettes...

- Mais si, celaa se vend... quincaillerie, vous avez dit ?

Je regarde autour. Oups! C'est une quincaillerie effectivement. Mais qu'est-ce que je fais ici !

Confuse:
- Smahli. Je me suis trompée de magasin.

Yaâzik, ya Makhlouka !

Il me dit alors :
- J'ai des serrures si cela peut vous intéresser...

Bon ça va. Je me suis trompée de magasin, mais mon cerveau machi maghlouk.
Et puis, pourquoi on ne vendrait pas de lingettes dans une quincaillerie !

Rires.


Makhlouqiate
Le 23 mai 2012