Je suis fiancée

- Bonjour, puis-je me joindre à vous ?
- Mais quelle surprise ! Qui aurait cru ! Mais que fais-tu ici ?
- Tout comme toi, je profite des vacances. Wach raki, cousine ?
- Je vais bien, cousin. Comment va la famille ?
- Aux dernières nouvelles, toute la qabila allait bien bien.
- Oh excuse-moi, Ch, je te présente mon cousin.
- Enchantée, le cousin de ma copine.
- Enchanté, la copine de ma cousine.

Ch est une copine d'occasion, plus connue sous le surnom de Mkhil'aâ ; surnom que le groupe de copines, que je vois merra fi hyate boufartitou, qui le lui a donné pour ses faux airs de noblesse.
A dire vrai, c'est tout le groupe qui est maniéré.
Pardon ? Pourquoi je fréquente ce groupe de copines guindées ? Bonne question !
Comment ? Une question qui mérite réponse ? Je n'en ai pas pour l'instant, et même si j'en avais une,  je ne la donnerais pas. Pourquoi ? Parce que mon encéphale rahou en vacances et tous ses neurones sont en maillots de bain et déconnectés de l'esprit.

- Alors comme ça, vous êtes le cousin de Makhlouqa
- Depuis ma naissance...
- Makhlouqa, tu es une cachotière, tu ne m'as jamais dit que tu avais un cousin aussi charmant
- Lui charmant ?
- Tu vois cousine, ta copine a des yeux sains, machi kima nti yal aâmiya.
- Aâma, toi-même.


Bien sûr, que mon cousin est charmant comme tous mes autres cousins, mais on ne le dit pas. On préfère taquiner ses cousins et ses cousines en leur attribuant des surnoms fous, comme on le fait entre frères et sœurs. Mon frère maskin, il en a eu des surnoms et ce n'est pas fini ! Chaque fois qu'il m'énerve, je lui en donne un.
D'ailleurs, des surnoms, j'en donne à tout le monde. Ils m'aident à me souvenir de la personne, parce qu'entre les prénoms et moi, il y a un contingent de SNP. J'ai du mal avec les prénoms, surtout les prénoms qui se ressemblent comme Yanis, Anis ou Chanez et Shahynez.
Je me souviens d'un  de mes collègues, celui qui n'est resté que trois mois avec nous. Il est parti sans demander son reste parce qu'on l'avait surpris en train de se mettre du fond de teint. Il ne devait pas utiliser la bonne couleur car il avait le teint jaunâtre, on dirait aândou boussafayer.
Eh bien, ce collègue-là dont le prénom et même le nom m'échappent pour le moment, je l'avais baptisé  Mohnanna.
Pourquoi ce surnom ? La curiosité est un vilain défaut, rahoum iqoulou !

- Alors le cousin de ma copine, que faites-vous dans la vie ?
- Je vole.
- Qu'est-ce que vous volez ?
-  Des femmes curieuses.
- Je suis curieuse mais je ne suis pas libre.

Wach biha, hadi ! Mon cousin est en train de plaisanter, ce n'est pas un voleur même s'il vole dans les airs.

- Ah ! vous êtes en semi-liberté.
- Non, je suis fiancée.

Fiancée, la Mkhil'aâ ! Depuis quand ? Fiancée maâ men, maâ boubi. En plus, elle exhibe une bague de fiançailles au doigt. Min djabat'ha. Il y a quelques minutes, elle ne l'avait pas. Mayna !

- Belle bague. Tous mes vœux de bonheur, mademoiselle.
- Merci, cousin de ma copine. Laâqouba lik.

Pourquoi ce cinéma ! Pourquoi prétendre être fiancée alors qu'elle cherche à se caser, la Mkhil'aâ !
Zid bizyada, le cousin est fiancé... mais, attends... pourquoi, il ne le lui dit pas... hum, hadi fiha ina wahad'ha.
Affaire à suivre ! Non, je ne dirai pas pourquoi il n'a pas dit qu'il était déjà pris. C'est une affaire de famille !

-  Bon, les filles, je vous laisse.
- Déjà ?
- Oui, cousine. J'ai rendez-vous à...
- Un rendez-vous galant, cousin de ma copine ?
- Non, copine de ma cousine, c'est un rendez-vous ostrogoth.

Ostro quoi ? Il ne faut pas que j'oublie de regarder dans le dictionnaire.

-  Il est trop charmant ton cousin. Il est médecin ?
- Non, il vole dans les airs. De plus, ce n'est pas un cousin, c'est le frère de la femme d'un cousin.
-  Il est libre ?
- Non, il est déjà marié.

Oui, oui, je mens et alors ? Et puis, sah, mfateh. Bark !


- Mais, il ne porte pas d'alliance...
- Il est allergique aux bijoux en or et en argent.

Oui, un autre mensonge. Wach farakoum !

- Dommage ! J'aurais aimé faire plus ample connaissance avec lui.
- Mais, tu es déjà fiancée, n'ssiti ?
- ...
- Explique-moi, pourquoi lui avoir dit que tu étais fiancée ?
- C'est une tactique.
- Comment cela ?
- Tu sais, les hommes cherchent toujours à avoir ce qu'ils ne peuvent pas avoir.
- Tu ne sais peut-être pas, mais il y a des hommes qui se contentent de ce qu'ils ont et vivent heureux.
- Ma pauvre Makhlouqa, tu es si naïve ! Erradjal lazem adjirih qbal ma t'khalih yahakmek.

Il faut qu'il soit athlète alors. Yakhi, hala !

 - Dis-moi, tu trimbales toujours une fausse bague de fiançailles dans ton sac ?
- Ce n'est pas une fausse. C'est la bague de mes premières fiançailles. Tu te souviens de hadek l'arriéré qui voulait que j'arrête mes études wa nqablou toul nhar fi la bijouterie dialou ?
- Tu ne lui as pas rendu la bague !
- Je lui ai dit que je l'avais jetée dans la mer et que s'il voulait la récupérer yaplongi.
- Mayna aâlik !
- Yast'hal. Parce que houwa machi qari, hab nwali bourricot de la classe kima houwa.


Celui qui a dit que ceux qui se ressemblaient s'assemblaient, ne connaissait pas Mkhil'aâ et son ex-fiancé le bijoutier.