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dimanche 12 février 2012

Projet de vacances en famille






Chez moi, les vacances est une affaire familiale, familiale au sens grand, aussi grand qu'est notre famille. On ne part pas en vacance sans s'assurer que la doyenne est placée quelque part.
La doyenne, c'est un autre nom que mon père donne à la tante maternelle de ma mère, la tante la plus âgée de la famille, qui ne sort jamais sans son sac de médicaments et qui a une langue qui tire plus vite que Lucky Luke.

Chaque été ou chaque ramadan, elle le passe chez un membre de la famille. Nadawlou aâliha pour soulager ses enfants chez qui elle habite toute l'année. Je ne vous dis pas les yeux cernés qu'ils ont, les pauvres ! Elle devient de plus en plus difficile à vivre avec l'âge.

La dernière fois qu'on a été la voir, mes parents et moi, elle a demandé à mère comment elle a pu supporter de vivre toute ces années avec cet homme, en désignant avec aâkaza  mon père qui était avec nous dans le salon. Mon père s'est empressé de lui dire : "Ya el hadja si on survit à ta langue, on pourra survivre à tout.". Ma mère qui n'a pas apprécié la réplique de mon père, lui  di :  "Khalti ma dirich aâlih.". Et la tante de répliquer : "Mziya sabek ya bent khti, rfatilou hbalou".
Après quoi, elle se tourne vers moi : "Quand est-ce qu'on mange le couscous ?". Comme la fille de son père que je suis et qui se respecte, je lui dis : "Quand j'apprendrai à le rouler comme le fait ma mère."
La tante ne supportant pas ma réponse se retourne vers ma mère et lui d'un air désolé : "Hlilek ya bent khti, wach raki rafda, ma kfakch erradjel zadatlek eddariya.".

Je l'adore ma tante, elle est directe, blessante, mais je l'adore. Mon père aussi l'adore, même s'il aime la taquiner et qu'elle l'énerve parfois.
Une fois, elle était très malade. Tout le monde pensait tous que son heure était arrivée. Mon père était à son chevet, silencieux, l'air malheureux. Elle a ouvert les yeux, l'a voit là assis,elle lui dit : "Djit etsawalni qbal men el waqt.".

Je disais que cette tante passait les vacances d'été où le ramadan chez un membre de la famille. Il se trouve que c'est notre tour cet été. Mais, il y a un problème, mon père a bien envie d'aller passer les vacances à Malte et ma mère n'est pas d'accord parce qu'elle ne veut pas abandonner sa tante.
"Mais on ne  l'abandonne pas.", lui dit mon père, "On part pour une quinzaine de jours, ta tante peut rester chez sa fille entretemps." "Pas question, c'est notre tour cette année, elle passera les vacances avec nous", répond ma mère.
Mon père sait que quand ma mère dit "pas question", il ne faut rien espérer. C'est comme la fois, où il voulait changer de voiture. eEle était contre, considérant sa décision folle puisqu'il venait juste de l'acheter.. Elle lui a dis que s'il voulait changer de voiture, il devrait l'écraser d'abord. Il lui a répondu qu'il la changerait sans avoir à l'écraser et que c'était lui qui décidait.
Eh bien, il ne l'a toujours pas changée, sa voiture. Quand, je lui ai demandé quand est-ce qu'il compte le faire, il m'a répondu qu'il n'aime pas faire les constats d'accident.
Je ne sais pas si j'ai bien compris sa réponse, mais je me dis tant mieux parce qu'une voiture accidentée  perd beaucoup de sa valeur.

Après de longues discussions, on décide de partir en vacances, pas à Malte comme mon père le souhaitait, mais ici en Algérie, au bord de la mer, en emmenant la tante avec nous, parce qu'elle ne peut pas prendre l'avion, elle est trop âgée pour ça.

Tout est bien qui finit bien, ma mère n'abandonnera pas sa tante.
Ma grande-tante  pourra mettre ses pieds dans l'eau s'il n'y a pas d'algues.Elle aime ça, mais après, il faut la porter parce que quand les pans de sa djebba sont mouillés, elle perdra l'équilibre et ne pourra plus marcher.
Mon père pourra aller de bonne heure pêcher au large, même s'il retournera souvent bredouille et que la tante lui demandera si les ont pris le large.
Et moi, j'aurai à subir les remarques de la tante qui, chaque fois qu'elle me verra en maillot, elle me dira:  "Win raki rayha bi qsibatek koudam enass.", je l'adore quand même !

Makhlouqiate
Le 9 juillet 2011

2 commentaires:

  1. Trop bien votre histoire et je suis sure que c'est la vérité dommage qu'il y a des écrits que je ne comprend pas .

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    1. Vous ne comprenez pas les passages en langue algérienne, je suppose.
      Je ne peux m'empêcher de les glisser. Je m'excuse auprès de ceux qui me lisent. On m'en a déjà fait la remarque.
      Oui, la tante existe bel et bien. Nos vacances se passent ainsi, se passaient ainsi plutôt. Les choses ont changé. Nous, qui étions enfants, sommes adultes maintenant. Nous passons de moins en moins nos vacances avec la famille. C'est triste, quand même !

      Merci à vous

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