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dimanche 12 février 2012

Tout le monde attend le ramadan




Depuis plus de quinze jours, on ne parle presque que de cela, à la maison, au travail, le voisinage, au marché, au hamam et chez la coiffeuse.
Il y en a qui sentent déjà son odeur, d'autres ont déjà faim car c'est l'odeur de la chorba et du ham lahlou qu'ils croient sentir. Les plus avisés guettent la lune pour annoncer en décalage son arrivée dans le monde.

Au bureau, on en parle à chaque pause, café ou déjeuner. Un des collègues ne cesse de faire des plaisanteries et de nous taquiner avec depuis une semaine. Lui, c'est la smata incarnée.
Au déjeuner, il nous a dit : "Pensez dans deux semaines, à cette heure-ci, vous serez tous pâles, les lèvres blanches comme des morts". "Fi rassek wa yahrak chwarbek avec la chorba que tu mangeras.", lui répond une collègue qui déjà ne le supporte pas trop.
Et comme lui, il ne la supporte pas non plus, il lui demande alors : "Comment  vas-tu faire sans maquillage pendant ce mois ? On va enfin voir ta beauté naturelle que tu nous caches tous les jours sous les couches de fond de teint."
"Yakhi bassala  !", je me suis dit. La collègue elle, lui a répondu : " Allah koun maâna, parce qu'on va devoir supporter ton haleine fétide puisque tu ne pourras pas la camoufler avec le chewing-gum que tu mâches toute la journée comme un wakrif"
Heureusement .qu'un autre collègue a intervenu et  mis fin à leur échange. Il leur a dit :  Ataqou Allah ya ness !", et leur a récité un verset coranique que je n'ai pas retenu. D'ailleurs, depuis deux semaines il ne parle que de religion, on dirait nazala aâlayhi al wahye.
Parler de religion à l'occasion, c'est méritoire, je trouve, cela illumine le chemin et  évite de rouler sur des nids de poule.

Chez les voisins, comme chez nous, c'est le grand nettoyage, il faut tout laver et nettoyer. C'est une façon de souhaiter la bienvenue au ramadan. On le fait au début et à la fin du mois.
Mon père dit qu'il ne comprend pas pourquoi il faut encore nettoyer de fond en comble à la fin du mois, pour lui une fois suffit et que le faire à la fin, c'est comme si on chassait le ramadan, rana nhawzou fih.
Je suis d'accord avec lui, mais ma mère ne veut rien savoir, elle lui dit : "On fait le nettoyage deux fois et c'est comme ça. On ne va pas changer les traditions parce qu'on dérange sidi dans ses habitudes.", "Je veux épargner la fatigue à lalla, qui ne cesse de se plaindre des taches ménagères,", lui répond mon père.
Le sidi et lalla, c'est signe qu'il ne faut pas les chercher, même s'ils sont justec à coté.
La propreté c'est essentiel, je trouve, elle fait partie de la foi.

J'ai une copine, celle dont le frère a été arreêté pour avoir essayé d'arracher une chaîne à une vieille dame, mais pas de chance pour lui, la hada avait mis khit syada à la place du fermoir. il n'arrivait donc pas à la lui arracher, il insistait pour la lui enlever jusqu'à ce que la hadja l'assomme avec son cabas. Il paraî qu'il yavait un vieux transistor dans le cabas.
Cette copine quelques jours avant l'arrivée du mois de ramadan, elle met le foulard quand elle sort. Elle dit que c'est par respect au mois sacré et aux gens. Après le ramadan, elle l'enlève.
C'est bien le respect, je trouve, même s'il est à demi-mesure. Cëst comme ces personnes qui se mettent à faire la prière pendant le ramadan et après il perdent la direction de la qabla. C'est dommage pour elles, à leur place je marquerais la direction de la qabla avec quelque chose pour ne plus la perdre.

On avait une voisine, dans l'autre quartier où on habitait, que je ne regrette pas parce que c'était un quartier bizarre. Il sy passait parfois des choses étranges. Comme la fois où le boulanger s'est mis à vendre le désodorisant Sanibon. Deux  pains et un désodorisant gratuit..
Un beau matin,  on a trouvé le linge de presque tous les habitants du quartier, au milieu de la rue.
C'est ce jour-là que mon père a pris la décision de quitter le quartier. Le quartier des jeudis de l'angoisse, comme il l'appelait.
Cette voisine était bizarre aussi, chaque ramadan, aprèss le f'tor, elle allait frapper chez tous les voisins, sauf dar el polici qui ni lui ni sa famille ne parlaient avec nous, pour leur dire qu'il était temps d'aller à la mosquée pour les tarawih. Mais elle, elle faisait sa prière chez elle, parce que elle disait-elle ça lui la doukha, de ce fait elle ne pouvait pas aller à la mosquée faire les tarawihs et qu'en rappelant les voisins d'aller les faire à la mosquée, elle faisait des hassanates.
C'est une action louable, je trouve, faire des hassanate par acquit de conscience.

Moi, je ne fais rien en l'attendant, d'ailleurs je ne sais pas ce que je dois faire ou changer dans mon comportement, je ne pense pas que je puisse changer ma nature en un mois.

Makhlouqiate
Le 23 juillet 2011

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