Comment rouler le couscous

- Qui roule encore son couscous ?
- Pas moi, dit le dindon.
- Toi, on le sait, tu es le roi des farces. On te sollicitera pour les dolma.
- Ni moi, dit le canard.
- On comprend, ça caille chez toi. Va ramasser du bois pour faire du feu.
- Moi, dit la petite poule rouge. 
- Sahiti rougia. Yakhi, tu ne le roules pas comme tu roules sur l'autoroute. On ne va pas  provoquer des incidents de parcours dans la cuisine.
- Si tu veux manger du couscous à midi, je t'en ferai et tu prépareras la sauce.  Entretemps, va voir le cerf, il paraît qu'il est malade. Passe au poulailler, prends des œufs frais, et cours lui faire une omelette avant qu'il ne meure de faim.
 

Alors pour rouler le couscous, regardez-moi faire.
- D'abord, on ramasse ses cheveux. On les noue dans un foulard qui ne glisse pas. Il n'y a pas plus énervant qu'un foulard qui glisse !
- On enlève ses bagues. On va rouler le couscous, pas les mécaniques sur la piste d'une salle des fêtes.
- On se mouche, on se lave les mains.
- On s'assure que sa prothèse dentaire est bien fixée.
- On éteint son portable. On ne peut pas pas rouler et parloter au téléphone. C'est comme sur l'autoroute.
Oui, vous, vous êtes des as du volant, vous pouvez tout faire en conduisant.


Ustensiles 
- Une djafna en bois de préférence, appelée aussi gas3a dans d'autres régions.
 Dans nos régions, oui, pas chez les Celtes ! Quoi ? Nous sommes leurs descendants ? Mais ntouma mechtakin rassa ! 
- Deux tamis : un kharadj et un gharbel. 
Certains utilisent le gharbal en astronomie pour provoquer des éclipses solaires.  Que faut-il pour l'éclipse lunaire ? Il faut le kharadj, le tamis à gros trous.
Quoi, tu ne connais pas le kharadj ? Va voir Socrate, il les connaît tous les trois : celui de la vérité, celui de la bonté... le troisième a été réduit au silence par Platon.
Chkoun Platon et Socrate ? Va le demander aux Grecs. J'ai un roulement de couscous sur la planche !
- Un couscoussier
- Un qaffal. 
Ne demandez pas, je vais vous le dire : c'est un morceau de tissu qu'on enroule entre el kadra wal keskes afin que la vapeur ne s'échappe pas. 


Ingrédients
- Semoule moyenne.
- Semoule fine.  
- 1 cuillère à café de sel. 
- Eau.


Préparation
- Mélanger l'eau et le sel.
- Tamiser la semoule moyenne dans la djafna. 
Oui, la gas3a de nos lointains ancêtres les Celtes qui ne nous connaissent ni d'Eve ni d'Adam.

- De la main gauche asperger la semoule d'eau froide salée et de la droite, travailler la semoule en faisant des cercles dans le même sens jusqu'à absorption de l'eau. 

Que les gauchers ne paniquent pas, ils peuvent travailler la semoule avec les deux mains !

- Ajouter de l'eau et renouveler l'opération.

- Saupoudrer de semoule fine et de sel et travailler le mélange en ajoutant de l'eau jusqu'à ce que les grains de semoule grossissent.

- Passer les grains au tamis à gros trous. 

Oui, le kharadj !

- Ensuite, les passer au tamis à petits trous.

 Oui, el gharbel, le préféré de l'astronome cachotier.

- Laisser sécher les grains de couscous.

- Les sécher en les saupoudrant  de farine, si on n'aime pas attendre.

- Tamiser encore bel gharbel. 

- Mettre les grains dans le couscoussier.

- Laisser cuire pendant 20 minutes environ.

 Entretemps, vérifier s'il y a des messages sur son portable, y répondre si urgent ; sinon aller menacer ses enfants qui ont  traversé la maison dans tous les sens en criant comme des Apaches, ou quereller sa chère moitié affalée sur le canapé depuis ce matin.

- Une fois  les grains cuits à la vapeur, éteindre le feu. Les arroser d'eau et les laisser gonfler.

-  Les verser dans la djafna...

ou la gas3a, ce magnifique héritage celtibère.

- Avec des mains huilées travailler le couscous pour séparer les grains.

- Cuire deux fois en le travaillant à la main à chaque cuisson.

- Graisser le couscous avec du smen, du beurre ou de l'huile d'olive.

Bsahatkoum. Le couscous est roulé et prêt  à être arrosé, de sauce, de l'ben, de rayeb ou  juste saupoudré de sucre.