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jeudi 24 janvier 2013

Flagrant délire







Chez le photographe


- C'est pour ?
Pour me refaire le portrait. Yakhi, yakhi !
- Pour des photos d'identité.
- Par ici. Installez-vous. C'est pour votre passeport ?
- Non.
- Regardez derrière moi.
Qu'est-ce qu'il y a derrière vous ? Je ne peux rien voir derrière une armoire à glace.
- Ne bougez pas. Voilà. Souriez.
Pas envie de sourire. Ma ranich fi hali.
- Les photos seront prêtes dans quelques minutes.
- Merci.
- C'est pour le renouvellement de la carte d'identité ?
- Non.
- C'est pour un dossier ?
- Non.
Vous le saurez pas, monsieur le photographe.
- Ah, raki za3fana khti ?
- Lela, ma raniche za3fana.
Je n'aime pas les curieux. Je n'aime pas me faire prendre en photo. Je n'aime pas la bureaucratie. Je n'aime pas les transports en commun. Je n'aime pas la grêle. Je n'aime pas que l'on me parle quand je n'ai pas envie de parler. Je n'aime pas vos yeux baladeurs, monsieur le photographe.

- Khradjti chebba. Regardez.
- A yema nakhla3s3id men bsid. Mais ça ne fait rien. Je les prends.


Un autre client qui attendait son tour pour s'installer sur la chaise, recouverte d'une peau de mouton, et pour  regarder derrière l'armoire à glace :
- Khmous aâlik. 3adra.
Hé, d'où je te connais toi ! On a élevé les mkanane ensemble ? Dsara ghir el khir.
Et de poursuivre :
- A3liya, c'est moi qui les paie. Tu m'en donnes une, hein.
Et puis quoi encore ! Tu ne veux pas aussi ntal3ou lel djbel wa nsaydou lahdjel ?
- C'est bien gentil de votre part, mais je préfère payer moi-même mes photos et les garder toutes.

En quittant la boutique, j'entends le client qui attendait son tour pour s'installer sur la chaise recouverte d'une hidoura mdawda, dire à l'armoire de glace qui voulait à tout prix savoir, en plus du prix des photos, ce que j'allais en faire :
- Cheft kho ? Ma tchabah lel walou wa hasba rouha.

Rire. Parce que houwa ma chafch figourtou m3amra bel heb chbab. On dirait casrouna matqouba.







A la mairie










- C'est pour une fiche individuelle d'état civil.
- Laman ?
- Au nom de S
- Nom ou prénom ?
- Prénom S, nom B.
- Lik ?
Non, lel tobba smina li techri ton sandwich 3andha !
- Oui, liya.
- Pourquoi tu as deux prénoms. Wahed ma yakfikch ? 
- J'en voudrais  quatre, s'il vous plaît.
- Wach diri bi rab3a ?
Ay wallah ! Là, où va, on doit rendre des comptes !
- C'est parce que j'en ai besoin.
- Ca te fait huit fiches individuelles.
- Mais non, quatre seulement.
- Tu as deux prénoms, ça fait donc huit fiches individuelles.
- Quoi ?
- Ma ta3arfich tahasbi. zoudj wa zoudj itigale rab3a, rab3a wa rab3a itigale twanya.
C'est quoi ce délire !
- Mais  les deux prénoms vous les mettez sur la même fiche...
- Ma perdilich waqti. Tu veux que je mette les deux prénoms sur la même fiche, je t'en fais huit ; sinon je n'inscris qu'un seul prénom et je t'en fais quatre.
- Mais les deux prénoms doivent figurer sur la fiche individuelle.
- Quel prénom, tu veux garder S ou D ?
Nendeb pour être sûre que je ne suis pas en train de cauchemarder.
- Je garde les deux prénoms forcément.
- Imala tmanya.

Chkoun kima enti ! Huit fiches individuelles d'état civil sur lesquelles figurent tes deux prénoms. Tu as failli en perdre un aujourd'hui. Khardji wa3da. 





Prendre rendez-vous chez le médecin

- Allô !
- Le cabinet du docteur M.D ?
- Oui. C'est pourquoi ?
- Pour prendre rendez-vous.
- Pourquoi ?
Bach ifassali caftan 3ala qadi. Non mais !
- Ben, un rendez-vous pour une consultation médicale.
- Qu'est-ce que vous avez ?
Mard ellouk  wal foum idouk.
- Vous êtes médecin ?
- Non, je suis la secrétaire.
- Je voudrais un rendez pour la semaine prochaine, si c'est possible.
- Je ne sais pas.
- Pardon ?
- Je ne sais pas si c'est possible. Le docteur n'est pas là.
- Vous pouvez voir s'il peut la semaine prochaine, s'il vous plaît ?
- Où est-ce que je peux voir ?
Fi fendjal kahwa !
- Je ne sais pas moi, sur l'ordinateur, sur le livre, l'agenda, le registre des rendez-vous...
- Je n'ai pas de livre et l'ordinateur est éteint.
- Vous ne pouvez pas allumer l'ordinateur ?
- Non.
- Pouvez-vous  me passer  l'autre secrétaire ?
- Pourquoi ?
Pour lui demander la recette du 3osban bel kabouya !
-  Pour rien. Ce n'est pas grave. Je rappellerai.
- Vous ne voulez plus prendre rendez-vous ?
- Si, mais...
- Je peux écrire votre nom sur un papier.
- Ce n'est plus la peine, j'irai me soigner à Blida.
- Comment ?
- Je rappellerai. Au revoir madame.

Est-ce moi qui suis zinzin ou est-ce le monde dans lequel je vis qui est tout à fait normal  ?































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