Chez nous, on est tous frères et sœurs, mais tout le monde s'épie, se méfie de l'autre et fait le guet derrière le rideau de sa fenêtre ou du balcon pour voir si personne ne s'approche de as voiture, ne vole un citron de son citronnier ou ne met la poubelle devant sa porte.
Son prochain, on l'aime bien mais on se méfie de lui... des fois il nous voudrait du mal. On se méfie même des animaux. Si un chien nous regarde, on se dit "Ça y est, il va nous sauter dessus.".
Si quelqu'un dans la rue nous regarde, on commence soit à douter en pensant avoir quelque chose qui cloche sur le visage, soit à prendre peur et dire que la personne veut peut-être nous voler. On serre alors son sac, on boutonne sa veste, on regarde derrière soi et on précipite le pas..
Il y a des gens qui ont des regards qui font peur, on dirait qu'on leur a tué un être cher. Il y a d'autres qui ont un regard incompréhensible. Par exemple, les filles se méfient des gars qui les regardent, elles ne savent pas si c'est pour les séduire ou si c'est pour leur arracher le sac ou leurs bijoux qui ne sont pas en or.
Un gars qui regarde une fille qui l'ignore, pour se venger il commence à fixer ses chaussures. Bien qu'elle fasse semblant d'ignorer son regard, la fille se demande " Y a-t-il quelque chose qui ne va pas avec mes chaussures ? ". Elle ne fait rien devant le gars, mais dès qu'elle le dépasse, elle entre dans le premier immeuble qu'elle trouve sur son chemin. Elle enlève ses chaussures, les examine, les remets en maudissant l'autre imbécile qui les a foudroyées du regard. Elle vérifie aussi ses chevilles... peut-être que...
Il y a des gens quand il vous parlent, ils ne vous regardent pas dans les yeux ; Ou bien ils regardent par-dessus vos épaules jusqu'à ce que vous doutiez. Vous vous demandez ce qu'il y a derrière vous. Il y en a qui regardent vos oreilles. S'ils regardent vos oreilles et que vous êtes une fille, vous vérifiez machinalement si vos boucles d'oreilles sont toujours là. Si elles le sont, vous vous dites qu'elles vont se casser parce que la personne n'a pas cessé de les regarder avec des yeux envieux.
Une fois, j'étais dans le train. En face de moi, il y avait un jeune homme, un niyatou Allah comme on dit. A côté de moi, il y avait un homme un peu bizarre qui lisait le journal à l'envers.
Le jeune homme n'arrêtait pas de regarder l'homme bizarre. Je voulais tourner la tête pour bien regarder l'homme bizarre pour comprendre le jeune homme qui le regardait, mais je n'ai pas osé.
A un moment, l'homme bizarre plie son journal et le met bessif dans la petite poche intérieure de sa veste. Le jeune homme le regardait toujours.
Quand l'homme bizarre a fini de batailler avec son journal et la poche de sa veste, il a dit au jeune homme : "Wach rak toukhzour, kach ma tsalli ! " .
Le jeune homme lui a dit : "Parce que tchabah el baba, Allah Yarahhmou.".
L'homme bizarre lui a dit : "Ana ma n'chabah el walou, barka ma toukhzour fiya !".
J'ai eu beaucoup de peine pour le jeune homme, même si c'est étrange qu'il ait trouvé que cet homme bizarre ressemble à son père, parce qu'ils n'ont pas du tout le même genre.
Un soir à la maison, nous étions en train de dîner, le téléphone fixe a sonné. S'il y a une chose qui énerve vraiment mon père, c'est d'être dérangé pendant les repas.
Moi, je n'ai pas voulu me lever pour aller décrocher parce que je savais que ce n'était pas pour moi. Je ne donne plus le numéro de la maison à mes amis, depuis le jour où un je ne sais plus comment le qualifier, je vais dire un copain a appelé et c'est mon père qui a pris le téléphone. Le copain lui a dit en français : "Tonton, tu peux me passer Makhlouqa." Mon père lui a répondu en français : "Fiston, tu t'es trompé de numéro, ici ce n'est pas une pouponnière." et il a raccroché. Ensuite mon père est venu me dire que mon ami le zouiwech avait appelé.
Le téléphone continuait à sonner, comme personne ne voulait se lever pour y répondre, ma mère est allée le faire. Elle nous dit qu'il faut toujours décrocher, on ne sait pas si c'est urgent ou pas.
C'était un ami à mon père qui voulait lui parler. Quand ma mère l'a annoncé à mon père, il lui a dit : "Qu'est ce qu'il me veut encore celui-là. Tu ne pouvais pas lui dire que j'étais occupé !". Il s'est levé à contre-cœur et est parti parler avec son ami au téléphone en emportant un morceau de viande dans sa fourchette.
Après un long moment, ne le voyant pas revenir, ma mère est allée l'appeler pour qu'il revienne finir son dîner. Quand il l'a vue arriver, il lui a fait "chut" du doigt et il a continué de parler avec son ami.
Quand il a fini de parler, il a dit à ma mère : "On ne peut pas parler tranquillement avec son ami au téléphone sans que sa femme s'en mêle !".
Ma mère a haussé les épaules et lui a demandé pourquoi son ami l'avait appelé à cette heure-là. Mon père lui a dit qu'il voulait juste avoir de ses nouvelles car cela faisait longtemps qu'ils ne s'étaient pas pas vus.
Ma mère sceptique lui a dit : "Vu le temps que tu as passé au téléphone avec lui, ce sont les nouvelles de tous les habitants du quartier que tu lui a données.".
Il m'arrive aussi de me méfier et de douter des autres. Un jour, j'ai vu un collègue passer deux fois devant mon bureau sans entrer. J'ai deviné qu'il voulait entrer mais qu'il hésitait. Je me suis tout de suite dit qu'il avait une idée derriéèe la êéte celui-là. La troisième fois, il est passé, il a eu le courage et il est entré dans mon bureau. Il a commencé par me demander comment j'allais, et on a discuté un peu de tout et de rien et il est parti.
Ma méfiance augmentait. Dans ma tête défilaient toute sortes de doutes. Quelques minutes plus tard, il est revenu avec un dossier qui n'avait rien à voir avec moi et m'a demande si j'avais remarqué que les chiffres étaient erronés. Je lui ai répondu qu'il devrait s'adresser au comptable. Il m'a remercié et il est sorti.
"Il n'y a plus de doute, il a une idée derrière la tête", je me suis dit.
Ah ces collègues hommes !
Il est revenu et tout de go, il m'a dit : "Au fait Makhlouqa, ce parfum que tu mets, (ah, je le savais je me suis dit pendant qu'il parlait), ce parfum que tu mets est très bon, (nous y voilà, je continuais à me dire), tu veux me donner le nom parce que ma copine a son anniversaire la semaine prochaine et je voudrais le lui offrir."
"Y3azik yal machkaka", je me suis dit !
Makhlouqiate
Le 30 janvier 2011
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