Depuis les événements de la Tunisie, tout le monde est devenu expert en politique. De la voisine qui croit que Bourguiba est toujours vivant au marchand ambulant qui pense que ce qui se passe en Tunisie est un signe de fin du monde.
Chacun y va de son analyse. Comme , ma grand-tante qui parlait avec mon père , elle lui disait qu'elle avait peur que les Tunisiens envahissent l'Algérie pour se venger de la coupure d'électricité que Boumédiene avait imposée aux Tunisiens à l'époque. Mon père lui a répondu que c'était son cerveau à elle qui était coupé du monde. Cela ne lui a pas plu, elle a mis son khimar et ses chaussures et elle est partie ; mais elle est revenue parce qu'elle avait oublié de prendre le plateau en argent qu'elle nous avait prêté. Elle n'a pas parlé à mon père, elle n'a pas du tout regardé dans sa direction. Elle a pris le plat et est repartie.
La fille de la voisine avec qui je discute beaucoup même si ses histoires de hab chbab m'ennuient et dont le visage est ravagé de boutons d'acné. Une fois, pendant qu'elle tripotait ses boutons avec la main, elle m'a offert un morceau de chocolat qu'elle mangeait, j'ai refusé en lui disant que j'avais une rage de dent.Ce qui n'était pas vrai.
Hier, elle m'a dit que bientôt il y aurait plus de Tunisie, de Maroc et d'Algérie, que l'on serait un seul pays comme avant l'arrivée des civilisations. Je lui ai dit que c'était politiquement impossible parce qu'il fallait se mettre d'accord sur beaucoup de choses, etc. Elle m'a répondu que c'était faisable, que l'on construirait une nouvelle ville comme capitale et on instaurerait le système de califat.
Quand j'ai répété cela à mon père, il m'a dit : "Tu lui diras d'arrêter de lire les Mille et une Nuits".
Mon père s'intéresse beaucoup à la politique. J'apprends beaucoup avec lui. Il dit toujours qu'il y a la politique et il y a les clowns qui font de la politique.
Une fois, je l'ai entendu discuter dans le jardin avec un voisin. Ils parlaient de la situation en Algérie. Le voisin disait que si ce n'était pas le FLN qui avait libéré le peuple, on n'aurait eu pas une dignité aujourd'hui.
Mon père, il ne faut pas lui parler du FLN , il lui a dit répondu : " Le FLN a surtout libéré des esprits débiles comme le tien et celui de ceux qui le soutiennent. Et si c'est une dignité comme la tienne, je préfère la vendre au chaïtan."
Ils se sont mis à se disputer jusqu'à ce que ma mère sorte les raisonner en les traitant tous les deux de dradri.
Depuis, mon père et le voisin ne se parlent plus, mais à l'Aïd, ils se font la bise sans dire un mot.
Moi, je ne prétends pas être experte en politique. Je donne mon opinion en analysant les choses selon les événements. J'écoute les autres opinions même si je ne suis pas d'accord, mais je les respecte.
Makhlouqiate
Le 15 janvier 2011
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