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dimanche 12 février 2012

Les voyantes et la sorcellerie






Dans l'après midi, j'ai accompagné une copine chez une voyante. Je voulais pas y aller avec elle. Je ne crois pas en ces sorcières qui prétendent connaître l'avenir et défier le sort. "Li saâdou msawed yatmermed, ma fid la taleb la tbib", dit ma mère.
Mais ma copine a insisté. Elle était si malheureuse parce que son copain ne l'appelle pas ces derniers jours. Pourtant ma copine fait la prière et compte faire une omra, mais elle dit que Dieu la comprend parce qu'elle n'a pas de chance.
Quand nous sommes arrivées chez la voyante, on a attendu longtemps dans une pièce froide. On était assises sur une hssira, avec d'autres femmes de tous âges. Il y avait même une très vieille femme qui  disait qu'elle était en instance de divorce avec son mari qui l'avait chassée de la maison et ne voulait pas lui rendre le khoukhal en argent qu'il lui avait offert quand ils étaient fiancés.
La voyante faisait entrer cinq femmes à la fois dans la pièce ou elle travaillait. C'était le tour de ma copine mais une femme a dit qu'elle était arrivée avant nous. La voyante a dit qu'elle ne voulait pas de dispute et a demandé à ma copine et à moi de nous approcher de son kanoun. La voyante a demandé d'abord à ma copine pourquoi elle était venue la voir. Ma copine lui a répondu que c'était  pour son copain qui voulait peut-être la quitter.
La voyante lui a demandé si elle avait une photo de son copain. Oui, elle en avait une qu'elle a donné à la  saharra. La voyante a regardé la photo : "Avec tous les sbouaâa qu'il y a , tu n'as trouvé que ce chouidi !"
J'étais sidérée par ses propos, mais je n'ai rien dit. J'ai regardé ma copine, elle avait envie de pleurer mais elle se retenait. Elle a dit que c'était plus fort qu'elle, qu'elle croyait qu'il l'avait ensorcelée.
Elle a raison la voyante, le copain de ma copine n'est pas très beau. Il est tadjel. Il lui arrive aux épaules même sans talons. En plus yatfachech aâliha. Mais cela ne me regarde pas.

La voyante a mis une fève dans l'eau. Ensuite, elle a passé la photo du copain au-dessus de l'eau et  a murmuré quelque chose que je n'ai pas compris. Puis, elle a retiré la fève de l'eau et a dit à ma copine : " Ton copain t'aime beaucoup. Il est bi niya avec toi mais sa mère lui a trouvé une femme, une brune de son sang.  Elle veut le marier avec elle. Sa mère est très autoritaire.".
J'ai regardé ma copine, elle était jaune comme un citron dans un arbre. Elle a demandé à la voyante  ce qu'elle devait faire pour que son copain ne se marie pas avec la brune que sa mère lui a trouvée.
La chouaffa lui a dit de revenir dans quinze jours avec deux bougies, de la nila et un œuf pondu un jeudi, et si elle pouvait se procurer un vêtement de son copain qu'elle le ramène aussi. Qu'elle s'occupera de l'affaire et d'ici l'été, elle sera chez lui comme sa femme. Moi, je me suis tout de suite dit qu'il faut que j'achète une belle robe pour leur mariage.
Enfin, la voyante a pris du djaoui,  a murmuré encore quelque chose que je n'ai pas compris non plus, elle a craché trois fois dessus et l'a donné à ma copine en lui disant de le brûler  tous les jours après salate el maghreb, pendant quarante jours.
J'ai jeté un regard à ma copine, j'ai vu sur son visage des signes d'espoir. Moi, j'étais sceptique.
Quand la chouaffa a terminé avec ma copine, elle s'est tournée vers moi et m'a demandé si moi aussi j'étais venue la voir pour me marier. J'ai répondu non parce que je n'ai personne dans ma vie, que j'ai juste accompagné ma copine. Elle m'a dit : "Tu ne va pas me faire croire que jamais aâchaqti.". Je suis devenue rouge de honte parce que les femmes qui étaient dans la pièce s'étaient mises à rire.
En quittant la pièce. les femmes ont dit à ma copine : "B'chfa aâlik.", comme on le dit à une personne malade.

Avec du recul, en revoyant la scène, j'ai comme l'impression d'avoir assisté à la caméra cachée. Je ne sais plus quoi penser.


Makhlouqiate
Le 13 janvier 2011

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