Aller chez la coiffeuse, c'est comme aller au hammam sauf qu'on reste habillées. Quand on arrive, on fait la bise à tous le monde même aux personnes qu'on ne connaît pas sauf à celles qui sont sous le casque et qui n'entendent pas quand on leur dit bonjour alors on leur fait un signe de la main. On se fait laver les cheveux parfois avec de l'eau froide parce qu'il y a pas de pression pour l'eau chaude. On ressemble toutes à Nefertiti avec nos serviettes sur la tête parce que chez la coiffeuse on passe vite faire un shampoing, après natssadrou en attendant notre tour pour nous faire coiffer ou nous faire couper les cheveux. Pendant la tasdira nos cheveux sèchent et il faut les mouiller encore quand vient notre tour. Il y en a qui se trimballent avec du papier aluminium sur la tête et de la teinture sur les sourcils, heureusement que leurs maris ou leurs petits amis ne ne les voient dans cet accoutrement.
Je n'ai pas été toujours fidèle aux coiffeuses même si je vais une fois par semaine pour le brushing ou l'égalisation des cheveux. Ce n'est pas parce que je suis difficile mais parce qu'il y a toujours quelque chose qui cloche. J'ai dû changer plusieurs fois de salons de coiffure avant de trouver un salon normal. Maintenant, je me fais coiffer chez un homme, c'est un bon coiffeur même s'il a des manières de femme et s'épile les sourcils.
Avant lui, je me faisais coiffer dans un salon un peu bizarre. Toutes celles qui venaient se coiffer là-bas ressemblaient à la coiffeuse, on dirait ses sœurs. Elles sont brunes, fortes avec des cheveux blonds presque jaunes et elles mettent toute des vêtements trop petits pour leurs grandes tailles.
La coiffeuse de ce salon impose à ses clientes la coupe de cheveux qu'elle veut, elle, en plus, elle la rate. Elle te dit : "Je vais te faire un beau carré.". Tu quittes son salon avec un trapèze. Elle te dit : "Je vais te faire de belles mèches, tu verras !". Le lendemain les mèches virent au vert et du coup tu ressembles à une courgette.
Chez une autre, celle qui s'es fait un trou avec une grosse épingle, entre le nez et la bouche à gauche au-dessus de la lèvre supérieure, et qui le remplit chaque jour avec du khôl pour faire croire que c'est une khana naturelle, mais parfois après avoir mangé elle s'essuie la bouche, le khôll part et il ne reste que le trou.
Dans son salon, c'est la dictature, on ne doit pas parler parce que ça la déconcentre.
Une fois, une aâroussa et sa famille sont venues se faire coiffer et maquiller chez elle. Chaque fois qu'elles parlaient elle leur disait : "Chut !". La sœur de la mariée je crois, s'est disputée avec elle, elle lui a dit : "Nous sommes venues nous coiffer et nous faire couper les cheveux pas la langue,". Alors la coiffeuse s'est énervée et leur a dit : " Puisque c'est comme ça, vous pouvez retourner chez vous ou aller vous faire coiffer et maquiller ailleurs.".
La mère de l'aâroussa a commencé à calmer la tension et a demandé à sa fille de se tenir tranquille et de se taire, car il se faisait tard et qu'elle devait aller à la salle des fêtes accueillir les invitées. Les autres clientes ont elles aussi essayé de raisonner la coiffeuse.
Finalement, la coiffeuse s'est calmée et a accepté de continuer à coiffer toute la famille sauf la sœur de la mariée. La mère a donc demandé à sa fille d'aller trouver une autre coiffeuse. La sœur est partie en colère les cheveux mouillés parce qu'on lui avait déjà fait le shampoing.
Dans un autre salon de coiffure qui est à côté d'une boucherie où ça sent toujours le cachir quand on y entre, la coiffeuse était bien, mais elle essayait toujours de nous vendre des vêtements que son mari ramenait de Turquie. Si on achetait rien, elle augmentait le prix de la coupe. Quand on lui demandait pourquoi c'était plus cher aujourd'hui, elle répondait que la facture d'eau avait été trop élevée ce mois-là, qu'elle avait utilisé beaucoup d'eau parce que beaucoup de clientes avaient les cheveux longs et trop sales.
Un jour, une cliente a refusé de payer plus, elle lui a payé le prix habituel et s'apprêtait à sortir du salon quand la coiffeuse en colère lui a jeté de l'eau sur la tête. C'était une grande bagarre entre les deux femmes, on a eu du mal à les séparer.
J'espère que je n'aurais plus à changer de coiffeur cette fois. C'est fatigant de changer de salon. Il faut s'habituer d'abord au gardien du parking, ensuite à la nouvelle coiffeuse, à ses coups de ciseaux, à son parfum, à sa respiration, à la sonnerie de son portable, à ses humeurs et parfois même à sa famille qui vient se faire coiffer chez elle.
Makhlouqiate
Le 26 janvier 2011
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