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lundi 3 février 2014

Nouveau permis



Quatre-vingts !  Autocollant pour la voiture et talisman pour la nouvelle conductrice que je suis devenue. On me dit de le mettre sur le côté gauche du pare-brise arrière. Le côte droit, c'est pour ne pas rater la priorité, wakila.
Je pensais que le hjeb twanyin allait me protéger, faire de moi une as du volant. Bouh  a3la nayti wa 3liya. Zed mon père kamal aâliya en me disant, lorsque je lui ai montré l'autocollant  " Tu crois que ton 80 rah ihalek el trik, wa bay3oulek ki djouzi? "  Et mon frère qui m'a dit : "Tmanya + 0 = fakrouna fi karoussa."
Leurs railleries ne m'ont pas découragée. J'ai mis courageusement une main sur le volant et l'autre sur  le levier de vitesse et j'ai démarré en troisième. Quoi?  Cela arrive à tous les débutants ! Rires.
" Généralement les débutants démarrent en deuxième", me dit mon père " Toi, tu  décolles."

Conseils d'une 80 : ne roulez jamais avec un membre de votre famille  qui za3ma veut vous aider à bien conduire parce que vous êtes débutant. Envoyez-le balader à pied et lancez-vous seuls sur la route. Démarrez en  deuxième, troisième même en cinquième, ma3liche, nouveau permis.  Calez dans une pente, ma3lich, nouveau permis. Garez lamentablement en faisant le créneau, ma3lich, nouveau permis. Tournez deux, trois, quatre fois le carrefour giratoire parce que vous  oubliez de tourner là vous croyez qu'il faut tourner, ma3lich, nouveau permis.
Mais yarham elli habitou, n'éblouissez pas les autres automobilistes avec vos feux de route.  Aucune excuse, nouveau ou  ancien permis.
J'ai failli une fois me retrouver dans un fossé parce qu'un kafez m'a aveuglée avec ses  phares. Comment j'ai deviné que c'est un kafez et non pas une qafza? Parce que la qafza oublie souvent d'allumer ses feux de route. 3ayniha radar de toute façon.

Comme toute débutante qui se respecte et que l'on raille et qui s'en moque à pied et en voiture, j'ai fait beaucoup de bêtises. Le démarrage en deuxième, en troisième ou plus. C'était quasiment tous les jours, qu début. La marche arrière qui a failli heurté un mur, un autre véhicule, un par-choc,Poupette... Qui est Poupette?  C'est la vieille chienne des voisins. Ceux qui ont planté des pommes de terre dans la piscine. En  l'apprenant mon père a dit  qu'heureusement qu'ils n'avaient pas de cheminée dans le salon. Il m'a fallu trois jours pour comprendre sa remarque. J'aurais pu le lui demander, mais le connaissant, il m'aurait demandé de faire appel à mon intellect. Ce n'est pas facile, quand sur le moment la tête se demande  comment mon père a su que les voisins avaient une cheminée dans le salon alors qu'il n'avait jamais mis les pieds chez eux. Ma mère,  ne le sait pas non plus. Comment, je le sais, moi?  Je ne sais plus. Je découvre des choses, comme ça, sans chercher. Elles viennent à moi tout simplement. Je ne peux l'expliquer. "Les annales du coin", m'appelle-t-on  dans la famille.
C'est tout une histoire, ces annales.  Si je commence à les déballer, je ne sortirai  pas de cette déviation de sujet.
Je sais par exemple que l'ancien épicier, celui qui a les yeux plus rouges que la boisson qu'il ingurgitait à la dérobée derrière son comptoir. D'ailleurs une fois, en mettant mes bras sur son comptoir lemzayate, j'ai sali mon chemisier blanc au col marine, chemisier ta3 el tayeh kter men nayad. Kouja tacha fi la manche.
J'ai horreur des vêtements tachés.
J'ai un collègue là où je travaille maintenant, j'ai quitté l'autre boulot  car le directeur nous  imposait de porter des tabliers bleu ciel, question d'hygiène disait-il. Wach men hygiène ? Rana nakhadmou fi laboratoire ta3 toubate byouda. Et la couleur qu'il a choisie , bleu ciel, couleur ta3 serbita ta3 lebhar.
J'ai préféré quitter que de porter ce tablier ridicule. Yendeb bih wa yarbit bih el henna.
 Ce collègue a toujours le col de ses chemises taché. Machi taché bezzit kima nass, taché bel  za3afran. Quand on le lui fait remarquer, il répond "kast rouhi bel kahwa ce matin". Pardon?
Tachrob el kahwa ta3ak bel za3afran?

L'ancien épicier, comme je disais, avant d'ouvrir son magasin mettait du sel dans tous les coins de son magasin. Contre le mauvais oeil. Chkoun i3ayane picerie nhar ihal wa nhar yelbes burnous wa yadreb el bendir. Mon père le voyant ainsi,  disait à mère qu'elle ferait mieux  d'aller chercher son lait à la supérette car les jnoun li saknin l'épicier sont en manque de lben, et ma mère de lui répondre... non, je  ne vais pas le dire, je ne veux pas m'éloigner du sujet.
C'est mon  grand problème, je saute toujours du café au dessert.

Cela fait des mois que je conduis. Je ne compte plus les bêtises que je fais chaque jour. La dernière date d'hier.
J'arrive au travail, je me gare au parking. Je monte au bureau, je me rends compte que j'ai oublié des papiers dans la voiture. Je descends au parking, j'essaie d'ouvrir la voiture, walou. J'essaie avec la clé, kif kif, simsim ne veut as s'ouvrir. J'insiste. La clé se coince dans la serrure.  J'essaie de la retirer, walou, simsim halfate wa tachroudjch. Que faire?
L'alarme ne s'est pas déclenchée. Bizarre!
Où est Elfahem?  Lui peut m'aider.  Chkoun Elfahem? C'est le gardien du parking.  En fait son nom est Krimo. Elfahem est un surnom. Pourquoi ?  C'est une longue histoire banale.
Je le cherche, il me voit. Il est là-bas. Je lui fais un signe de la main, il me fait signe de la main. C'est gentil, mais j'ai besoin de lui. Je lui fais un autre  signe de la main. Il me refait  un signe de la main. Je lui fais signe de venir. Il me montre le ciel. Je regarde le ciel, il y a des nuages blancs. Je crie "arwah". Il me dit "win?". Lel3ars!  Pourtant, je joins le geste à mon "arwah". Ma saminahch Elfahem pour rien.
Je me résigne, je vais lui parler. Je lui explique le problème. Il veut bien m'aider. Il essaie avec force de retirer la clé de la serrure, walou. Que faire? Appeler un serrurier me dit Elfahem. Un serruier ta3 tonobilate. Ça existe? Oui, ça existe me dit-il en ricanant. Où trouver ce serrurier? Chez un mécanicien. Où trouver un mécanicien? Eltaht. Win? Fel habatiya. Wach men habatiya? Li thabate la placette. Comment y aller?  Elfahem me suggère d'aller à pied. Idabar 3alou rouhou, je n'ai pas envie de me taper tout le chemin à pied.
Je décide de remonter au bureau. Je vais voir un collègue, pas celui au col de za3afran.. Je lui demande s'il peut m'accompagner chez le mécanicien taâ el habatiya car il me faut un serrurier pour faire retirer le clé de la voiture qui s'est coincée dans la serrure. Il n'a rien compris mais il veut bien m'accompagner en voiture.
On descend au parking. Elfahem  nous fait un signe de la main. Le collègue lui fait un signe de la main. Moi, j'ai déjà donné.
Le collègue me dit que sa voiture est par là. Je le suis. Il s'arrête devant ma voiture. Mais que fait-il?
Il essaie l'ouverture centralisée avec sa clé, walou. Il ne comprend pas. Il n'y a rien à comprendre mon cher collègue. Ce n'est pas la bonne clé. Mais si, c'est  la bonne clé. Comment? Il vérifie encore, walou. Il regarde de plus près. Il voit ma clé coincée dans la serrure. Il retient un juron. Il me regarde et me demande si c'est ma clé. Je dis oui et que ceci est arrivé parce que cela... Il m'interrompt. "Regarde bien la voiture" , me dit-il. Je la regarde et puis? "Regarde bien!". Elle est mal garée? Non, me dit-il. "Regarde le matricule". Je le regarde, qu'est-ce qu'il a?  " Tu ne remarques rien?". Non.
Il commence à m'énerver. Il est venu  pour m'aider ou pour faire un constat...
"Ce n'est pas ta voiture, yal makhlouka.Tu t'es trompée de voiture. C'est la mienne!" La tienne?
Je regarde l'intérieur de la voiture. Il a raison. Ma voiture n'est pas un débarras. Un vrai fouillis sa voiture.

Mais où donc ma voiture?













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