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dimanche 12 février 2012

L'enterrement et les pleurs

Aujourd'hui je suis allée avec mes collègues aux obsèques du père d'une autre collègue qui est notre aide-comptable. Allah Yarahmou.
 Le patron nous a permis d'aller chez elle pour l'enterrement, mais il n'est pas venu avec nous. Avant de quitter le bureau, nous sommes allés lui demander si nous pouvions prendre l'après-midi pour rester avec notre collègue. Quand il nous a regardées, nous les filles, sans maquillage et sans bijoux, il était choqué. Il a nous a dit  qu'il était préférable avec les têtes que nous avions, de ne pas revenir travailler_-Qu'est ce qu'il veut ? Qu'on aille  maquillées à la djanaza !

Chez la collègue, il y avait beaucoup de monde. Quand elle nous a vues entrer, elle est venue  à notre rencontre et s'est jetée en pleurs sur une autre collègue. Moi, je ne l'ai pas reconnue. Ses yeux étaient plus petits sans  khôl et sans mascara. Elle m'a fait de la peine. J'ai commencé à pleurer, elle m'a enlacée et a commencé à pleurer plus fort. Une parente à elle est venue, l'a secouée et lui a dit d'arrêter de pleur parce que c'est haram. Une autre femme, elle je ne sais pas qui elle est, je n'ai pas pu demander,  a crié à la parente de laisser les gens pleurer, qu'on est que des êtres humains. La parente lui a dit que ce n'est pas elle qui le dit, que son mari l'a entendu dans une khotba à la mosquée. L'autre femme lui a répondu,que le jour ou son mari mourra, elle mettras des muselières aux gens, qu'elle nous  laisse pleurer tranquillement.
La parente était furieuse. Elle l'a écartée pour quitter la pièce et la pauvre femme est tombée à la renverse sur une femme enceinte qui était assise par terre. La femme enceinte a perdu connaissance. Des femmes criaient qu'il fallait l'asperger de du parfum, d'autres proposaient du ma zhar. On a même fais appel à une jeune femme médecin qui était présente, mais j'ai appris par la suite qu'elle n'était pas médecin, qu'elle était seulement en 2ème année médecine. Heureusement la femme enceinte a retrouvé ses esprits.

Avant la salate du dhohr, les fils du défunt sont venus le prendre pour l'emmener à la mosquée. D'un coup toutes les femmes se sont mises debout et à pleurer et crier très fort sauf la parente, elle est restée dans un coin comme une orpheline. Leurs pleurs m'ont donné la chair de poule. J'étais effrayée. Je voulais pleurer mais je ne pouvais pas. Je suis partie juste après qu'on ait emmené le défunt. Je ne pouvais pas supporter les pleurs et les cris.

Pourtant, j'ai déjà entendu des femmes pleurer à l'enterrement de mon grand-père,  Allah Yarahmou. Tout le monde pleurait, ma mère, ma grand-mère, même mon père et mon frère qui mettaient la main devant leur yeux pour cacher leurs larmes. Je n'oublierais jamais ce jour. C'était quelques jours avant les résultats du bac que je n'ai pas eu.
 D'un coté, c'est bien que mon grand-père ne l'ait pas su, il aurait été déçu parce qu'il voulait que je devienne ingénieure.
Sa djanaza s'était bien passée, on pleurait tous mais sans crier comme chez ma collègue. Mëme le troisième jour au cimetière, on pleurait silencieusement jusque l'arrivée d'une cousine et son mari. Ils sont arrivés bras dessous, bras dessus. Ils étaient nouveaux mariés à l'époque. Ma grand-mère quand elle les a vus, elle leur a dit :  "Ma ranach fii jabanette nssara." Ils ont eu honte, ils se sont tout de suite lâchés les bras. D'ailleurs depuis ce jour, on les a surnommés "chadni wa nchadek".

Je n'aime pas la tristesse. Dans la vie, un jour on rit, un jour on pleure et les autres jours on oublie tout.
Makhlouqiate 
Le 18 janvier 2011

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