La mère d'une de nos connaissances, qui s'est mariée il y a une quinzaine de jours, nous a invitées à un café, kahwette laâroussa. C'est un café qui se fait chez la mère de la mariée, autour duquel se réunissent les voisines, les amies, quelques membres de la famille et les tantes les plus mauvaises langues.
La mariée n'était pas présente, elle était en voyage de noces en Turquie avec son mari. Elle, elle voulait passer sa lune de miel à Venise, mais son mari a choisi la Turquie prétendant que c'est mieux et moins cher que l'Italie, mais tout le monde a compris qu'il a choisi la Turquie pour son business, il est trabensiste, d'ailleurs il y en a qui lui ont déjà passé commande.
A ce café entre femmes, il y' avait une vieille dame qui ne cessait de faire le va-et-vient entre la cuisine et le salon où nous étions assises. Elle venait nous compter et repartait et revenait nous compter, comme si quelqu'un lui avait demandé de le faire pour l'occuper afin qu'elle ne fasse pas de bêtise. Elle avait l'air d'une personne qui n'avait pas toutes ses facultés mentales en place.
Une tante de la mariée, assise sur le seul fauteuil de la pièce, un éventail à la main alors qu'il ne faisait pas chaud dans la salle, chaque fois qu'elle voyait la vieille dame compter, elle lui disait : "Khamsa fi aâyn chitane et fi aâynlk yal bakhakha". Heureusement que l'autre femme était concentrée à compter, elle ne l'entendait pas.
Après avoir pris le café et mangé les gâteaux qui restaient de la fête je crois parce qu'ils commençaient à etre un peu durs, la mère de la mariée a donné une kmadja à la tante qui était assise sur le fauteuil. La tante l'a bien examinée, après elle s'est levée et a dit : "Chouffou ya nssa, bent'na ki hamratana wachtna."
Elle a exhibé la kmadja tachée de sang preuve que la mariée était vierge la nuit de noce et qu'elle a sauvé l'honneur de la famille ; car si elle n'avait pas passé le test de la nuit de noce, cela aurait été la honte pour la famille et personne ne viendrait demander ses autres sœurs en mariage.
Je n'ai pas regardé les taches de sang qui me répugnaient, mais je trouvais la kmadja un peu petite, parce que je connais la mariée, elle fait deux tailles de plus que la taille de la kmadja exhibée impudiquement.
Je crois elle a dû la mettre pour l'occasion, pour son mari, une kmadja serrée qui épouse les formes et les fait ressortir, les hommes aiment ça à ce qu'il paraît. Je me demande aussi comment elle a pu l'enlever sans qu'il y ai déchirure, peut-être les femmes, les gardiennes de la vertu, qui sont entrées dans la chambre pour voir si le mariage a été consommé dans les régles et s'il a bien saigné, l'ont aidée à l'enlever pour que la kmadja ne s'abîme et soit présentable à montrer aux gens, parce que aâ'ib d'exhiber une kmadja décousue.
Quand la tante a montré la kmadja, toutes les femmes se sont mises à faire des youyous. Moi, j'étais sidérée, je n'ai fait aucun youyou, d'ailleurs je ne sais pas le faire.
Je trouvais indécente et humiliante cette vieille tradition. Je pensais que cela ne se faisait plus. Si j'avais su, je ne serais pas allée à ce café qui m'a laissée un mauvais goût. Je me sentais mal, mal à l'aise, J'étais en colère contre cette tradition de la honte.
Comment peut-on ainsi violer l'intimité de la mariée, de son mari, du couple ! C'est un outrage à l'égard de la femme. Une autre humiliation !
Makhlouqiate
Le 08 mai 2011
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