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dimanche 12 février 2012

Etre femme divorcée



Etre femme divorcée chez nous, ce n'est pas facile. C'est un calvaire pour certaines. Même le terme en arabe de la femme divorcée est souvent utilisé comme une insulte.

Je viens d'apprendre qu'une cousine avait divorcé après trois ans de mariage. On ne parle que de cela dans la famille, on a vite oublié, les manifestations, les marches et Bouteflika.
Cela nous fait deux divorcées dans la famille. Leur nombre est important, il y va de l'honneur de la famille, wach bikoum !
Personne ne sait exactement pourquoi elle a divorcé, mais tout le monde est devenu juge et le tout monde est devenu avocat.
Les juges disent qu'elle l'a mérité car elle visait haut, qu'elle avait un mari gentil, travailleur. Il buvait, et alors ? C'est un homme après tout !
Les avocats, des femmes pour la plupart, disent qu'elle a bien fait de le quitter, qu'elle est encore jeune, qu'elle peut refaire sa vie, qu'avec son métier de dentiste elle pourra nourrir sa petite fille et s'assumer.
Quant à sa mère, elle ne dit rien. Dès qu'on lui en parle, elle éclate en sanglots.

Nos deux divorcées, tout le monde les plaint et admire leur courage en leur présence car elles élèvent seules leurs enfants. Mais dès qu'elles ont le dos tourné, on les incendie de critiques.
Heureusement, qu'elles ne le savent, sinon elles penseront elles aussi à s'immoler.

Comme l'autre fois, au sbou' de la sœur de la belle-sœur à ma tante, celle qui vient de se marier et qui vient d'avoir un bébé prématuré à sept mois, à ce qu'il paraît ce n'est pas vrai, même si tout le monde lui dit "Slamate rassek et rass wlidek". Il y en avait qui lui comptaient les semaines quand elles avaient appris qu'elle était enceinte. Mon père dit que c'est dommage que  ces langues de vipère ne travaillent pas à la Cour des comptes.
Lors de ce sbou', on parlait de l'autre divorcée qui était absente. Elle ne pouvait pas assister au sbou' parce que sa fille était malade et hospitalisée pour une appendicite.
On disait de cette pauvre femme, qu'elle méritait ce qui lui arrivait, que si elle était une vraie femme, elle serait restée avec son mari, même si il la frappait, parce que toutes les femmes se font frapper par leur maris, elles ne vont pas mourir des quelques coups que leur maris leur donnent de temps en temps.
Je voulais dire quelque chose, mais ma mère m'a dit : "Assoukti nti !"

Dans la toute première entreprise privée où j'ai travaillé, là ou il faisait très froid en hiver parce que le directeur était radin. Il disait pour préserver l'environnement, il allumait le chauffage que trois heures par jour.
Dans cette entreprise, j'avais une collègue divorcée de son mari, pas de l'entreprise. Elle me faisait de la peine même si je n'aimais pas ses questions indiscrètes. Presque tous les collègues hommes la jugeaient mal et tam'ou fiha, je connais pas le terme en français. Tout cela, parce qu'elle vivait seule, voyageait souvent avec ses amis. Elle allait en Tunisie et en Turquie. Il y en avait même qui ne la respectaient pas, ils lui faisaient des remarques et des avances irrespectueuses.
Beaucoup de rumeurs couraient au sujet de son divorce. Certains disaient que son mari l'a répudiée car il l'avait surprise avec un homme sur la plage, d'autres prétendaient qu'elle n'a jamais été mariée, qu'elle le disait juste pour faciliter son dévergondage.
"Awkilhoum Rabi", me disait ma mère quand je lui répétais ce qui se passait dans cette entreprise. Mon père, lui, me disait que c'était le froid qui régnait dans les bureaux qui avait gelé leur neurones.

Dans le quartier où habitait ma grand-mère, qu'elle a quitté parce que son voisin, un drabki, s'entraînat tard dans la nuit à la derbouka.
Dans ce quartier vivait une femme divorcée avec son jeune fils. Elle était respectée par tout le monde, mais ce qu'on ne disait pas d'elle!
Le jour où elle a acheté une voiture, les mauvaises langues se sont déliées. Une vrai danse de aâllaoui ! On disait que c'était son amant qui lui avait acheté la voiture, parce qu'avec le travail qu'elle avait, elle ne pouvait pas se la payer. On a commencé à plaindre son fils et avoir de la compassion pour lui. Alors qu'avant, on le traiter de voyou et de vaurien. On disait que s'il avait un père à la maison, il n'aurait pas mal tourné.
Ma grand-mère disait : "Iwarou chtarat'houm ghir maâ n'ssa et oublient que ce sont les femmes li rahoum rafdin aâyoubhoum.".

Chez nous, on ne sait quel statut avoir. Si les filles ne se marient pas, yahadrou fihoum, si elles se marient yahadrou fihoum, si elles divorcent yahadrou fihoum, si elles sont veuves yahadrou fihoum.
Que doivent-elles faire ?

Makhlouqiate
Le 20 février 2011






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