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vendredi 6 mars 2015

Il y a des jours comme ça !



Faire du jogging           




C'est le week-end. Je vais faire du footing avec les copines. J'ai attendu avec impatience toute la semaine.
Je me lève de bonne heure. Je ne prends pas de café. Une joggeuse boit du jus d'orange fraîchement pressé, mange des céréales, des fruits, une tartine beurrée, du fromage, du lait et du thé.
Notre petit déjeuner (café au lait sucré, croissants, pains au chocolat, matlou3 beurré et dégoulinant de confiture, gâteaux, un verre ou deux de coca), c'est dans la semaine. C'est trop riche, dites-vous ? Il faut bien manger le matin pour affronter le quotidien algérien. Ça fait grossir ? Et pourquoi croyez-vous qu'on sort de bon matin un jour de repos, courir comme des fous ? Pour perdre l'esprit, croyez-vous ? Oui, pour perdre les calories qu'on a accumulées pendant la semaine. Que dites-vous ? Qu'on les récupère le jour-même quand on rentre du jogging, assoiffés et affamés et qu'il nous est intenable de résister au bon couscous aux légumes, à la chorba fric, aux salades et au matlou encore chaud ? On est humains après tout, pas des robots. Il nous faut un peu de chahma pour protéger lahma.

Je prends mon petit déjeuner sous le regard railleur de mon frère qui lui aussi s'est levé tôt, mais pas pour jogger, pour aller disputer un match de foot avec l'équipe de je ne sais quel club. Je ne vous dis pas ce qu'il ingurgite. On dirait qu'il va affronter des dragons.

" Tu prends la voiture pour aller courir ? me demande-t-il ?
Non, je prends l'avion !

- Oui, je prends la voiture.
- C'est à deux kilomètres d'ici.
- Et alors ? Tu ne veux pas que j'aille à pied !
Il éclate de rire.
- Je suppose que toutes tes copines vont aller en voiture pour aller courir à deux kilomètres d'ici."
- Va marquer des buts si tu peux, ne t'occupe pas de nous !
- De mauvaise humeur, Makh ? Ton café et tes croissants te manquent, dis-le."

Je ne lui réponds pas. Je prends mon sac de sport, les clés de la voiture et je sors.
Ce qu'il peut être enquiquinant, mon frère !
Oui, mon café et mes croissants me manquent. Oui, je peux aller à pied, c'est à côté, mais je n'aime pas marcher. De quoi, il se mêle ! Lui, qui a un appétit d'ogre mais ne grossit pas ! Lui, quand il va faire du foot, il va à pied ! Lui, qui se prépare en un rien de temps !
Même s'il m'énerve, me taquine tout le temps, je sais qu'il m'adore et il sait que je l'adore.
Mais on se le dit pas. C'est bête !

Me voilà arrivée au lieu de rencontre. Bouboula est déjà là. A yema hadak survêt li rahi labsa ! Où l'a-t-elle déniché ? On dirait la panthère rose.
On se fait la bise. Elle sent le smen. On papote un peu en attendant les autres.
Elles arrivent en même temps. On se fait la bise. On papote, papote.
"On y va !, dis-je.
Elles me regardent bizarrement.
- Qu'est-ce qu'il y a ? J'ai quelque chose entre les dents ?
- Tu comptes courir avec ça ?, me demande Bouboula. "
Ça, quoi ?

Je regarde mes pieds. Ils sont chaussés de... non... pas de baskets pour courir... de mocassins... orthopédiques, s'il vous plaît !
Ce ne sont pas les miens. Ils sont à ma mère. J'aime bien les porter quand je me lève le matin.
Je suis sortie trop vite. J'ai oublié de changer de chaussures. Mes baskets sont restées à la maison !

Je demande aux copines si elles ont une paire de baskets dans leur voiture. Non. Leur voiture n'est pas un débarras à chaussures. Que faire ? Je rentre chez moi.
Avant de rentrer, j'envoie un texto à mon frère lui disant que ce sera de sa faute si mes copines vont raconter à toutes les autres copines que je suis allée faire du jogging en mocassins ORTHOPEDIQUES ! Que je le déteste pour ça !

Sur le chemin, je m'arrête chez le boulanger. J'achète des croissants, des petits pains et de la confiture aux fraises. En espérant arriver à temps pour partager le petit déjeuner avec mes parents.








 Mais que fait ce poteau ici !

Je sors faire des courses. Je gare devant un magasin. J'ai de la chance, c'est la seule place disponible. Je fais mon créneau, difficilement. Alors que je manœuvre, le propriétaire du magasin me fait non de la tête.
Non ! 3lach la chaussée t'appartient !

Je l'ignore et je me gare. Je me suis garée. Je le vois ricaner avec un msagem kima houwa. Je les ignore. J'éteins la radio, j'enlève la clé du contact. Je prends mon sac et j'ouvre la portière pour sortir. Bang !
Elle heurte quelque chose qui l'empêche de s'ouvrir. C'est le propriétaire du magasin. Il a dû mettre quelque chose pour m'empêcher de descendre de la voiture. Je ne me laisserai pas faire. J'essaie encore. Bang !

" Ya madame, vous allez abîmer votre portière. Vous ne voyez pas le poteau ta3 triciti !
Wach mel poteau ?

Bouh 3liya ! Je me suis garée devant un poteau d'électricité. Il ne pouvait pas être ailleurs ! Il vient empêcher la portière de s'ouvrir ! Je n'ai aucun espace pour avancer ou faire marche arrière.
Je comprends maintenant pourquoi la place était libre et pourquoi le ricaneur me faisait non de la tête.



Que faire yal 3amya, ya l'accusatrice, ya li dima tu te retrouves dans des situations embarrassantes ?
Je regarde autour. Pas de place disponible. Je regarde l'heure. Je dois me dépêcher. Je regarde le maudit poteau. J'ai la haine.
L'acolyte du ricaneur me dit alors : "Madame, ma kach mouchkil, on va appeler la société d'électricité, leur demander d'envoyer quelqu'un pour déplacer le poteau... "
Idéplaci les boutons de votre chemise mal boutonnée, yalli ma 3andakch drouss la3kal !

Mais il se moque de moi !

Je le regarde, je souris. Je change difficilement de siège. J'ouvre l'autre portière et je descends de la voiture.
Maintenant appelez qui vous voulez !

Mais où est-elle ? Ce n'est pas vrai ! Où est ma clé !
Dans le sac.
Où est mon sac ?
Dans la voiture sur l'autre siège.
I3azik yal mferfcha !

Je vais faire mes courses. Je reviens à la voiture. Le ricaneur et son acolytes sont toujours là.
S'ils font une remarque, je les mitraille.

Tiens, le pare-brise est propre. Mais qui l'a... Je regarde les deux associés. Ils hochent la tête.
Confuse. Je les remercie et je démarre en deuxième.
Pas de commentaires !

Arrivée chez moi, je racont ce qui m'est arrivé. Mon père me demand : " Tu ne leur as pas demandé de t'envoyer une canne à pêche du toit ouvrant de la voiture ?
Une canne à pêche !
- Pour te sortir du verre dans lequel tu te noies tout le temps, me dit-il
- C'est pourtant toi qui lui as appris à nager, lui crie ma mère du salon. "

J'adore mes parents.




















2 commentaires:

  1. 2 posts en un. Nice!
    Le 8 mars n'est pas loin, ce qui m'empeche de commenter... Et puis je ne veux pas prendre de risques avec la nouvelle loi qui "protege les femmes des hommes"

    Enfin, moi je veux bien t'apporter plus d'eau pour te noyer, rien que pour lire ce genre de posts :)

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    1. MnarviDZ bonjour
      Il était temp ! Elles ont tardé à venir ces lois ! Seront-elles appliquées ? Telle la mouchkila !

      Tu vas me trouver bizarre, mais je me noie aussi dans un verre vide. Rires.
      Merci. C''est bien gentil à toi.

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