Est-ce moi qui ne vois pas la plaque ou est-ce que ce sont les autres qui me la cachent ?
Les autres, qui d'autre ! C'est toujours la faute de l'autre. L'autre qui n'a ni nom, ni visage et qui est toujours absent. L'autre que l'on accuse, que l'on condamne et que l'on exécute sans jugement.
Li dji yemsah fih el mouss.
Parlant de mouss, l'autre jour dans la rue, j'ai vu une dame marcher brandissant un épluche-légumes menaçant, les yeux froncés, on aurait pu croire que le soleil l'aveuglait s'il ne faisait pas gris ce jour-là. Makan la chems wala houm yata3maw. Elle marchait droit devant elle, m3awla 3liha, comme si elle allait régler les comptes avec quelqu'un.
Tout le monde s'écartait pour la laisser passer. Certains de justesse. On aurait dit Hassiba Boumerka portant le flambeau de l'espérance du peuple. Sauf que la dame au couteau machi m3adma. Elle avait des hnouk tbal, des mnakhar de ghayat et des doigts mtabzin. Même le policier s'est écarté pour la laisser passer.
Ils sont drôles nos policiers, drôles et hors de forme. Ils sont soit maj3itine, soit bou3alita. Les policières, elles, elles sont bien en forme. Qssirate et mdahathate et mdahbate.
Une fois, j'ai vu une policière discuter avec un automobiliste qui était garé sur un trottoir biseauté. Elle gesticulait et riait aux éclats. Elle a enlevé sa chaussure et l'a donnée à l'automobiliste qui l'a humée comme un chien qui chemchem avant de dévorer ce que l'on lui donne à manger, puis l'a jetée un mètre plus loin sur la chaussée. En bonne policière, elle a arrêté la circulation pour aller chercher sa chaussure au talon usé.
Mais comment peut-on marcher avec des talons usés ! Premièrement, ils rapetissent. On descend d'un étage. Deuxièmement, ils déforment la chaussure. Troisièmement, c'est dangereux car ils deviennent glissants et risquent de faire tomber celle qui les porte.
Tomber fait mal et vexe parfois l'amour-propre. Je n'oublierai pas le jour où je suis tombée en traversant la rue Ben Mhidi. Plus de hchouma que de mal.
Je suis tombée au beau milieu de la rue. Et comme je portais une jupe assez serrée, je ne pouvais pas me relever. Je ne vous dis pas l'embouteillage et le boucan de klaxons que j'ai provoqué ! Walite danger public.
Au lieu de m'aider, un policier sifflait et criait : "Arafdi rouhek". Yarafdek errih wa tayrek, ya hamaloulou !
Heureusement, kayen des chevaliers roulants qui sont sortis de leurs voitures pour aider la mssadra fi waste triq à se relever.
Je vois que je me suis carrément éloignée de la plaque que je ne voyais pas. Je n'ai plus d'énergie pour rebrousser chemin et essayer de la trouver. Je le ferai une autre fois.
De toutes façon, je ne la verrai pas. Les autres y seront avant moi et me la cacheront.
Makhlouqiate
Bonjour!
RépondreSupprimerQuel enchaînement ! Digne d’une véritable "association d’idées". Bravo.
N.B./ Je te suggère de ne pas donner une fin à ce texte.
Le texte n'est pas encore terminé. J'ai une plaque à trouver. Rire.
SupprimerMerci d'être passé.