Vous avez dit clown ?

- Allô !

- Bonjour monsieur. Est-ce que je peux parler à M. Akloul

- Qui ?
- Monsieur Akloul.
- Non vous ! Qui êtes-vous ?
- C'est Mlle Rabia de l'association des enfants autistes. Je vous ai appelé hier pour louer les services d'un clown... pour la semaine prochaine.
- Un clown ! Pour quoi faire ?
- J'ai parlé avec M. Akloul et m'a demandé de le rappeler. Est-ce que je peux lui parler, s'il vous plaît ?
- C'est où la fête ?
-  A Alger.
- Vous n'avez pas de clowns à Alger ?
- Il y en a beaucoup, mais on nous a recommandé M. Akloul.
- Qu'est-ce qu'il a de spécial ce M. Klinou ?
- Pardon ?
- Je vous demande ce qu'il a de spécial ce clown ?
- Il a de l'expérience avec les enfants autistes et...
- Avec les artistes ?
- Non, des enfants atteints d'autisme, un trouble qui affecte les fonctions cérébrales.
- Et vous pensez qu'un clown va les guérir ?
- Les distraire monsieur, les distraire !
- Vous pensez que les clowns qui nous exploitent nous font rire, nous ?
- Passez-moi M. Akloul, s'il vous plaît.
- Ecoutez mademoiselle, ici, c'est une cimenterie, il y a des cimentiers pas de clowns qui font rire des artistes...
- Des autistes.
- Peu importe, des artistes autistes...
- Ce ne sont pas des artistes ! Vous le faites exprès ou quoi !
- Du pareil au même, des artistes qui font rire des enfants qui souffrent du rire d'autrui.
- Vous êtes en train dire n'importe quoi.
- Non, je suis en train de vous dire qu'on n'a pas le temps de rigoler, nous autres les cimentiers ! Qu'on n'emmène pas nos enfants au cirque voir des adultes ridiculement barbouillés et débitant des inepties.
- Je vous trouve un peu dur avec les clowns.
- Je suis dur car je fais le travail de cimentier depuis mon adolescence. J'en suis tombé  malade.
- Vous m'en voyez désolée, mais ce n'est pas la faute des clowns.
Prenez soin de vous. Au revoir monsieur.

- Alors, c'est O.K. avec le clown pour la semaine prochaine ?
- Il ne pourra pas la semaine prochaine. Il est en pleine crise d'adolescence tardive.