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vendredi 16 octobre 2020

samedi 21 mars 2020

Quand Fatouma parle du coronavirus à Mary

Hello Mary
How are you my dear friend ? I hope all your family is ok... and your dog  has recoverd  from its paw  operation. Recovering on him ( sorry, I don't know how to say "b'chfa aâlih" or  "prompt rétablissement" in english).

Here, everybody is ok , they told  me to say hello to you and to your family. My aunt, you know her, the one who sent you kiss-it-but-don't-touch-it, the algerian cake, when you eat, your mouth,  your nails, your neck, your clothes become white. Lucky that Snow White doesn't exist, she would be jealous. You know, jealousy is dangerous for the jealous and for the victim of jealousy. It's a illness. Have you noticed the pale face of the jealous and their dry lips ! Msalmine wa katfine (another expression difficult  to translate, I will say  "subjected and tied", and God knows !

What about you and the coronavirus ? How do you tackle it ? I read at all the pubs are closed . When I read it, I immediately thought of  your neighbor, the one who is addicted to them. I fell sorry for him and for those around him.

Here, we are a bit lost, our government even more, always lagging behind.The schools are closed, spring break, but three weeks instead of two, to the great displeasure of the parents who work. Yes, here the containment is not established. Not yet.
The hirak, I told you about it in my previous mail, stopped too... not definitely, until we take its race at the coronavirus. We will continue and life is long !

For the moment, there are not shortages, only for certain commodities and for semolina, especially semolina. Why especially for semolina, are you asking yourself. Because with semolina we can make couscous, berkoukes (you remember your son, when he saw it, he asked you if he could take some for his toys that lost screws. We may also use them for some human brains. Laughs ), mhadjeb and bread, specially bread. Why ? Are you crazy, the bread comes before the car for our dear and beloved men !
We women care more about our body shape than our stomach, even if sometimes we don't control ourselves. Controlling and spying on our beloved half is a sport in itself.
 
I leave you on these words hoping to read you soon. Take good care of yourself and your family.

Kisses.
Fatouma

P.S. : No need to tell you to excuse my catastrophic English, it will not improve until I make an effort.





 


jeudi 6 juin 2019

Incidents de parcours

L'extincteur
Les derniersjours de carême peuvent être astreignants. Les limites commencent à vaciller, la sensibilité est à fleur de peau et la patience n'en pouvant plus, prend ses jambes à son cou.

Allahouma inana sa'imoune !

Il y a deux semaines, en rentrant à la maison après une longue journée de labeur - eh oui ! c'est fatigant de gagner son beurre, même si on lui préfère la confiture - je suis restée coincée plus d'une heure derrière trois voitures.
Non, ce n'était pas un carambolage. C'était un automobiliste qui s'est arrêté au milieu de la chaussée et hlafe ma bougi.
Pourquoi ? Parce que l'automobiliste qui était derrière lui faisait des appels de phares pour pouvoir doubler.
T'kol un cortège, tout le monde klaxonnait. Il ne manquait que zarnadjia.

Ce n'est qu'un échauffement !

L'automobiliste qui était devant moi a sorti la tête et a crié :
"Démarre, khalina n'djouzou, on va brûler sous ce soleil !"

Le mnervi qui a bloqué la circulation est sorti de sa voiture, a ouvert le coffre de son véhicule, en a sorti un extincteur et a commencé à arroser le pare-brise de l'automobiliste qui avait peur de brûler vif dans sa voiture.
Mieux vaut prévenir que guérir !
L'automobiliste dont le pare-brise a été arrosé est sorti de son four, pris l'arroseur par le cou et lui a craché sur la figure.

L'arroseur arrosé !

Une petite foule d'automobilistes s'est rassemblée autour d'eux, les sommant de maudire Bliss.

Quel bon dos a Satan !

Heureusement des flics, qui par hasard passaient par là, ont mis fin au cirque Amar bla zouar.

La police wa les automobilistes, khawa, khawa !




Je ferai une prière pour toi

A côté du salon de coiffure où je me fais coiffer, La Palice aurait adoré, il y a un magasin de chaussures, de la belle chaussure. Mon péché mignon ! Chaque fois que je vais chez la coiffeuse, j'y fais un tour et chaque fois, j'en sors avec une paire de souliers.
Et comme je vais une ou deux fois par moi chez la coiffeuse... chut ! je ne dis rien

La dernière fois que je suis passée chez la coiffeuse, j'ai fait un tour dans le magasin de chaussures. Le vendeur toujours aimable m'a souhaité la bienvenue et m'a laissée regarder et essayer les chaussures qui me plaisaient. Et bien entendu, j'en ai trouvé une qui m'allait superbement bien. Houhou yachkor rouhou.

Je paie et je m'apprête à,sortir, il me dit :
"Je ferai une prière pour vous."
- Une prière ! Pourquoi ?
- Je vois que vous portez les chaussures que vous avez achetées ici, il y a trois mois. Bravo elles sont bien entretenues.
- Merci. C'est gentil de votre part.
- C'est moi qui vous remercie.
On s'échange quelques politesses et je quitte le magasin.

Deux heures plus tard, j"arriv chez moi. En descendant de la voiture, je trébuche sur une pierre et tombe. Que ça fait mal ! En me relevant, je remets ma chaussure... et que vois-je ? Que la semelle s'est coupée en deux.

Et de loin, j'entends le muezzin appeler les fidèles à la prière.




Mais où sont les pierres tombales de nos chers disparus !

"Ramdan irouh wa iwali, mais nous, pas sûr n'konou hna,", disait feue ma grand-tante.
Elle a laissé un grand vide. Elle avait son caractère qu'il fallait gérer avec résignation, mais elle était très appréciée par la famille. El qa3da m3aha ma tenchba3che.
Allah Yarhamha wa Yadhkorha dima bel khir.

Comme le veut la coutume, le jour de l'Aïd toute la famille est allée au cimetière se recueillir sur les tombes de nos chers disparus. Et comme beaucoup de familles, nous avons notre propre carré dans lequel ils reposent.

A notre effarante surprise, le carré a été profané. Un amas de terre trônait sur la tombe de grand-père et deux autres tombes ont été délestées de leurs pierres tombales?
Wach sra ?

Notre sang algérien n'a fait qu'un demi-tour et s'est mis à bouillonner.
"Bel kouffara wa syam el3am, ma rana saktine el youm !", aurait dit ma grand-tante.
Et c'est ce qui s'est passé. On a fait venir les gardiens des lieux, apparemment le responsable est absent. Il est parti y3ade chez lui.
" C'est où chez lui ? "
- Fi daro.
- Win djaya daro ?
- Fel bled.
- Wassamha bledou ?
- El Djzayer.

Ah lalala wal banana !
Bon ! on laisse tomber.

On leur demande de nous prêter des pelles et des sacs-poubelle.
Les pelles, ils peuvent nous les passer, mais essachiyate, ils ne peuvent pas nous en donner, el m3alam ihesboum a3lihoum.
Ma3lich.

Nous avons enlevé toute la terre qui couvrait et étouffait la tombe de grand-père. Nous l'avons nettoyée, la tombe pas la terre. Et nous sommes retournés à la maison, désabusés, les chaussures pleines de boues

Affaire à suivre.



samedi 4 mai 2019

Elle, lui et sa famille


Tôt, lundi matin
elle a pris le premier train
pour retrouver son Béguin.
A son arrivée, il était là
un bouquet de lillas
à la main.

Mardi après-midi
ils se sont dégourdi
le corps et l'esprit.
Et mis à nu leur vie
et partagé leurs secrets

Mercredi matin à sept heures
son père, sa mère et sa soeur
ont débarqué dans sa demeure.
Elle et lui venaient de se réveiller
et n'étaient pas encore habillés.
Comment accueillir ces invités
qui ont violé leur intimité !
Sa maman lui a demandé
qui était cette déculottée
qui se trouvait dans son lit ?

Jeudi très tôt le matin
son papy, sa mamie et son cousin
ont fait irruption dans la salle de bains.
Elle et lui étaient dans la baignoire
à s'éclater comme les grandes stars
lui, était le Boss et elle, Pat Benatar.
Comment accueillir ce comité
qui a violé leur intimité !
Dans la mousse ils ont plongé
pour dissimuler leurs nudité.
La mamie s'est écriée
qui est cette décrassée ?

Vendredi tard dans la soirée
son oncle, sa tante et leur dernier
ont envahi son foyer.
Elle et lui étaient sous la véranda
allongés sur des matelas
en écoutant La Traviata.
Comme ils n'étaient pas habillés
pour accueillir le trio indiscret
il s'est excusé auprès des malappris.
et les a invités à prendre un thé.
Le dernier lui a demandé
où était passé son autre amie ?

Samedi tôt le matin
elle a ramassé ses biens
et a pris le premier train
elle est partie sans un mot
sans regret et sans un bécot.

Dimanche matin très tôt
il lui a envoyé quatre textos
disant qu'elle avait oublié son kimono
et qu'il lui avait apporté des têtes de choco.

Mais comment va-t-elle dire à ce ballot
qui s'est pointé chez elle en tenue de cuistot
que son amour pour lui c'était du pipeau !



jeudi 2 mai 2019

Qu'est-ce qu'être illuminé ?

C'est la question posée par le coach lors d'une rencontre d'information.
Ils sont une dizaine, six hommes et quatre femmes.


Le premier à lever le main est le responsable des ressources humaines.

Tafadhal ! Comment reconnaît-on une personne illuminée ?

- Une personne illuminée vit en harmonie avec son entourage, dit-il.

Les autres se regardent en esquissant un sourire complice semblant dire."Charité bien ordonnée commence par soi-même."

C'est au tour du comptable :
- On la reconnaît à sa timidité.

Tous les regards se tourment discrètement vers la chef de cuisine. Tout le monde sait que son coeur compte beaucoup pour lui, lui le comptable, que sa calculatrice cardiaque ne bat que pour elle. Ose, fonce, qbal ma qoum biha le DG !

La secrétaire de direction lève le doigt :
- C'est une personne qui a du style.

Tout le monde regarde son sac Chanel, made in Turkey, qu'elle expose sur la table.On se lance des fleurs, Madame ?

La réceptionniste toussote :
- On la reconnait à son franc-parler.

Comme remballer les clients et laisser le téléphone sonner...

L'informaticien prend la parole :
- Un illuminé ou une illuminée est généralement une personne qui fait confiance à la vie.

C'est pour cela tu paniques chaque fois qu'il y a des coupures d'Internet.

C'est le tour de Belgacem, le gardien du parking :
" Wach rayek, Belgacem ? "
- Wallah ma rani fahem fiha walou. Bessah 3andi haja habite ngoul'ha...
- Tfafadhal !
- Netwadjah lel sayed li dirilna chahriya koul ch'har...

D'où son nom !

- C'est quoi le problème ? lui demande le comptable.
- El problam ma rahouch fel mouchkil. El problam rahou fel ism.
- Ghlat'na fel ism dialek ?
- La, ismi Belgacem, mali khradjte men kerch ma, Allah Yarhamha. La mra diali issamouha Siham.
- Wach mel 3alaka bin chahriya wa el ism ta3 el madame ?
- El madame rahi tgoul bili ghlatou fel ism, lazem dirou el chahriya 3la assemha.
- Bessah nta li rak takhdam 3andna machi el madame.
- Rani d'accour m3ak, besssah f'dar hiya el m3alma. Koulech rahou 3la assemha, wa rahi tatleb nzid n'dir el chahriya 3la assamha sina trouh wa t'khalili lewled.

La séance est levée. Il faut sauver le gardien Belgacem !







samedi 30 mars 2019

Séparons-nous à l'amiable, Monsieur le Président




Monsieur le Président,

Je vous écris cette lettre
Que vous lirez peut-être
Si vous aviez encore toute votre tête.

Le peuple a maintes fois demandé
A vous et à votre gang de dégager
Afin qu'il puisse sainement respirer
L'air de sa patrie, son pays l'Algérie.

Si vous avez oublié notre parler
Demandez au Pitre de l'oligarchie
Lui, l'illustre expert en cacologie
D'essayer de vous l'interpréter.

Sinon tant pis !

Les femmes et les zawalis
Les laissés-pour-compte
Les jeunes et les sans-abri
Les habitants des yourtes
Les grands et les petits
Les mangeurs de yaourt
Se passeront de l'avis
De votre cadre.

L'Algérie se refera une virginité
Sans vous, violeur de Constitution
Elle écartera tous vos affidés
Dites adieu à votre coalition
Votre règne est à l'agonie.

Ecoutez le conseil d'une salmia
Allez faire une dernière hedja
Chez vos acolytes de la chibh el-jazira.
Quémander au Suprême une maghfira.

Bent Echa3b



mardi 26 mars 2019

Papa, Maman, Fifi, le drapeau et moi

Maman vient de laver le drapeau qui sommeillait dans la valise qui a appartenu à Baba Sidou. Une valise qui a survécu à toutes les crises que le pays a connues. Le drapeau aura 37 ans cette année, le 16 juin pour être précis. Il a aussi appartenu à Baba Sidou.

C'est Manni qui  a donné la valise et le drapeau à Papa. Et c'est Papa qui a demandé à Maman de laver le drapeau. Et c'est moi qui ai demandé à Papa de nous faire sortir marcher contre le 5e mandat. Et c'est Papa qui a convaincu Maman de nous laisser sortir et de venir avec nous manifester contre le régime en place.

Il faut que je demande à Manni de m'expliquer c'est quoi ce régime que tout le monde veut chasser. Quand, j'ai posé la question à Maman, elle m'a dit en souriant de poser la question  à Papa, le politiste de la famille. Quand, j'ai demandé à Papa, il m'a dit que j'étais trop petit pour comprendre la politique. Et quand Fifi, ma petite soeur a aussi voulu le savoir, je lui ai dit que c'était une affaire de grand, et que quand Manni me l'expliquera, je l'éclairerai.
 « Manni n'est pas grande, elle est plus petite que maman, me dit Fifi.
- Grande veut dire adulte.
- Elle n'est pas adulte, elle est vieille.
- On ne dit pas "vieille", on dit "âgée".
- Elle a quand même des rides sur les paupières.
- Tu en auras quand tu auras son âge.
- Je ne veux pas avoir son âge. Je veux avoir l'âge de Maman, me dit-elle. »

J'aime ma petite soeur mais ce qu'elle peut être agaçante ! Comme l'autre jour, j'ai mis du gel dans les cheveux. Elle voulait que j'en mette aussi à sa poupée. J'ai refusé de le faire. Elle m'a fait du chantage, que si je ne lui en mettais pas, elle dirait à Sonia, ma petite copine qu'elle m'avait vu enlacer la fille des voisins d'en face. Moi, enlacer la boutonneuse, mais ça ne va pas la tête !
Ne voulant pas prendre de risques, j'ai cédé, j'ai mis du gel à son affreuse Barbie.


Maman a mis le drapeau à sécher sur la table du jardin. Fifi l'a déplacé et l'a mis sur la pelouse et a commencé a faire des cabrioles dessus.
Papa a failli avoir un syncope  :
 « Tu sais  ce que c'est ? En lui montrant le drapeau
- C'est un drapeau, dit-elle en sanglotant.
- C'est le drapeau de Baba Sidou.
- Il n'est plus là.
- Raison de plus ! On doit prendre soin de son drapeau.
- Mais, il ne va plus revenir, ce n'est pas un fantôme.
- Qu'est-ce que tu me racontes !
- Titi  m'a dit que Baba Sidou est au Paradis et m'a aussi dit que quand Manni le rejoindra fini la fête pour lui.
- Mais c'est quoi... Où est Titi ? Titi !
- Il est dans la remise en train de jouer au tir avec ton arc... que tu lui as interdit de...
- Titiiiiiiiiiiiiiiiiiii ! » 

La famille  vous prie de bien vouloir l'excuser pour cette interruption, le temps que l'esprit de son Paternel se calme.


Il y avait beaucoup de monde sur l'Esplanade. Il n'y avait plus de places assises sur les escaliers.
Papa et Maman ont commencé à chanter en criant en même temps que les autres manifestants. Je ne les reconnaissais plus. Pourtant, ils se chamaillaient dans la voiture parce que Papa n'arrêtait pas de klaxonner et brandir le drapeau de Baba Sidou hors du véhicule.

Tout le monde était content, grands, petits, jeunes, moins jeunes, papys, mamys, policiers, policières. On se croirait dans une fête. C'est plus festif que l'Aïd qui vient après un mois de jeûne.
Maman prenait des selfies, Papa portait Fifi sur ses épaules, moi je regardais autour de moi, jamais vu autant de monde. Toute l'Algérie y était.

Et voilà l'enchantement brisé ! Fifi veut aller aux sanitaires. Où lui trouver un petit coin dans cette harmonie !
On s'est dirigé vers le Tunnel. Il y avait des policiers à l'entrée. Maman s'est approchée de l'un d'eux et lui a demandé s'il y avait des toilettes publiques disponibles pas loin de là. Le policier l'a regardée un bon moment avant de lui dire qu'il n'en avait aucune idée, mais si ça nous ne dérangeait pas, nous pouvions utiliser le fourgon.
Le fourgon ? Ils ne vont pas nous embarquer ! Maman hésitait. Fifi pleurait car elle n'a pas pu se retenir. Papa s'impatientait. Le CRS regardait le drapeau de Baba Sidou que je portais sur le dos. Et  moi, je me demandais si Baba Sidou  nous pouvait nous de là où il était.


En retournant à la maison. Maman  a insisté pour prendre le volant. Papa s'es 'affalé sur son son siège et commença à ronfler. Fifi s'est aussitôt endormie. Tant mieux !
Quant à moi, je m'amusais en brandissant le drapeau hors de la voiture, ne tenant pas compte des réprimandes que ma mère me lançait.
Et arriva ce qui devait arriver, le drapeau me glissa de la main, s'envola se plaqua sur le pare-brise de la voiture qui roulait derrière nous.
Maman  lança un cri à réveiller le Papa qui ronflait à côté d'elle. Fifi ne broncha pas.
Le conducteur de la voiture qui reçut le drapeau "en pleine figure", freina sec et s'arrêta.
Et moi, je me suis fait tout petit.

Le conducteur était en colère, ne laissa Papa placer un mot. Maman s'emporta. 
Des automobiliste se sont arrêtés. Il ont encerclé Papa et l'automobiliste et se mis à scander : " Les Algériens khawa, khawa ! "
Papa et l'autre automobiliste se sont calmés, Maman et la femme de l'automobiliste se sont embrassées, et chacun a regagné sa voiture et a démarré en klaxonnant.
On aurait dit un cortège nuptial.

Cette nuit-là, j'ai dormi le drapeau de Baba Sidou dans mes bras.